Une romance drame qui tient la route. Un thème souvent traité, ici, en plus, le face à face israëlo-palestinien sous-jacent. Une petite immersion (trop légère à mon goût) dans l'environnement prive un peu le film de l'ambiance. Également, le regret que les tourments familiaux soient (tout) en retenue et une photographie très studio. Un film assez superficiel sur l'émotion et l'effet psychologique des protagonistes mais compensé par une bonne interprétation et une histoire (assez) prenante. Aurait pu mieux faire ! 3.5/5 !!!
Quand c'est bien écrit et que ça ne cherche pas à en faire des tonnes dans le côté: "cette haine israélo-palestinienne, c'est terrible et moche", eh bien ça donne un sacré bon film, qui ne laisse pas de place à l'ennui, et qu'on ne regrette pas d'être allé voir.
Très beau film, sur une histoire finalement assez classique; mise en scène sobre sans être sèche, dialogues vrais et simples. 2 atouts majeurs : 1. il ne verse jamais dans la démonstration politique (c'est avant tout un film d'amour); 2. l'interprétation est magistrale (tous les acteurs sont excellents, avec mention spéciale pour la bien belle Ronit Elkabetz). La fin est très émouvante.
En israël, une jeune juive amoureuse de l'employé modèle arabe du garage de son père projette ensemble de se marier à l'étranger à l'insu de leurs familles ignorant cette idylle. Le frère de cette dernière, raciste et fainéant, est en conflit répété avec ce salarié trop zèlé à son goût. Le drame se noue petit à petit. On est dans un "Roméo et Juliette" des temps modernes tranposé en Israël, un amour impossible broyé par la violence d'une haine raciale. Ce film israëlien regarde sa société sans trop de concessions: mensonges sociaux, hypocrisie de la société israëlienne. Du côté de l'histoire d'amour, le drame pourrait être transposé dans bien des pays. Ensuite, le huis clos familial de cette famille israëlienne où l'on ne se parle pas, le mal être des enfants (la jeune juive amoureuse puis enceinte en secret; son frère en opposition brutale avec une mère très dure) est bien rendu par nue mise en scène épurée. Les silences sont souvent évocateurs. La faiblesse du film est le manque d'identification aux personnages; on se sent concerné par leur histoire mais de loin.
Ne laissant personne indifférent, "Jaffa" est un très bon film, émouvant et prenant à la fois. Le scénario est passionnant, bien mené et a le mérite d'être efficace. En effet, cette histoire d'amour est sincère et touchante mais elle semble malheureusement vouer à l'échec. Semée d'embûches familiales et sociales, cette relation est un "arc-en-ciel d'espoir" dans cette masse d'intolérance et de haine. Il faut vraiment souligner la simplicité et la pertinence de la réalisation. Hormis quelques lenteurs superflues, les scènes sont intenses et bouleversantes. Quant aux personnages, ils sont attachants et humains. Insistons également sur la magnifique prestation d'ensemble de ce casting. Bref, "Jaffa" est un excellent long-métrage.
Les personnages et les rebondissements de cette histoire, intimement imbriquée dans l’ambivalence de la société israélienne, touche juste, à l’endroit où chacun sait que se trouve l’essentiel. La réussite de la mise en scène intimiste et sobre donne toute sa force aux messages, sans prendre parti, et en laissant la division des peuples juifs et arabes en arrière plan. En effet ce drame amoureux et social pourrait être décortiqué de la même manière dans un autre contexte, mais il n’est jamais aussi bien exprimé que par ceux qui le connaissent le mieux. Elia Suleiman m’avait conquis avec « Intervention divine », voilà Keren Yedaya qui me ravit avec « Jaffa ».
Une histoire forte et émouvante, bien interprétée. J'en suis ressorti avec une boule dans la gorge. Le chagrin de la jeune femme dans sa salle de bains est saisissant, d'une intensité rare. Petit conseil: si comme moi vous aimez la musique des langues étrangères, allez-le voir en VO, je trouve que ça apporte un + au film.
Ce qui plait dans le meilleur cinéma israélien, c'est qu'il ne tortille pas du cul pour exprimer la force des sentiments et des situations monstrueuses et inhumaines. La langue est crue, et les frustrations renfermées souvent formidablement filmées (comme dans Kadosh d'Amos gitai avant que ce dernier ne fasse plus que de la soupe ou Mariage Tardif de Dover Kosashvili). Les acteurs sont tous excellents (mention spéciale pour les 2 femmes) et la scène finale est l'une des plus belles de l'année. Combien faudra t-il de film de ce niveau pour faire prendre conscience de l'absurdité des frontières ...
Un film dur. Un film trop centré sur une famille, un personnage sans jamais le dévoiler complètement. La souffrance intériorisée, la culpabilité, le silence et les réactions qu'on préféreraient ne pas imaginer. La réalité pure et dure sans retouche, brute.
Jaffa est un film bouleversant et mon plus beau souvenir cinématographique de ces derniers mois. L'humilité talentueuse de la réalisation décuple la force émotionnelle du scénario. Son autre point fort : le spectateur se trouve être le seul à réaliser ce que vit le personnage central de la jeune femme condamnée à se taire tout au long du film alors que les faits dramatiques se jouent au premier plan. Comment ??!! Vous vous n'êtes pas encore précipités dans une salle projetant "Jaffa" ??!! Courez-y vite avant que ce joyau disparaisse des écrans !
Si encore ce Toufik n'avait pas ces yeux bleu étincelants, mais alors quels yeux, en plus de sa dégaine décontractée, de sa droiture de caractère (toute première apparition de Mahmud Shalaby, une présence marquante !). De plus, employé modèle, tout le contraire du fils du boss, ce Meir, post-ado usé de dépendre de papa et maman et qui, faute de mieux, joue les petits chefs moins l'exemplarité. Facile de se glisser dans la peau de Mali (Dana Igvy), standardiste de l'entreprise familiale, le style "cause toujours", déchirée entre attachement à son frère et l'envie de déserter avec l'élu de son coeur. Ce pourrait être dans d'autres pays industrialisés comme crise, sauf qu'on est en Israël... Les seconds rôles servent de faire-valoir, un vrai théâtre est planté... Le garagiste en chef (père de Mali et Meir donc) n'a rien d'un croquemitaine (Moni Moshonov, la "gueule" du juste). Mais la mère se devine déjà plus vache en star vénéneuse au foyer (sidérante Ronit Elkabetz, elle a du registre de Tallulah Bankhead en réserve, beauté et intonation de voix !)... La cinéaste israëlienne Keren Yedaya excelle à traiter le vide des repas tendus et la douleur dans ses manifestations intimes, tous ces longs plans-séquence en durée réelle avec des dialogues ajustés aux attitudes, comme pleurer cassée en deux à même le sol dans la salle de bain, tout cela sonne juste et forme une tragédie antique sans fâcher Israël ou le monde arabe tributaire du piétinement des gouvernants. On chuchote que les Israëliens lassés de cette tuerie commenceraient à être nombreux... Suspense dans cet oeil oblique de fillette folâtrant en bord de côte, que n'eût-il été bleu ce regard...