C'est le deuxième film que Soderbergh consacre au spectacle du nu masculin. Son premier opus, immédiatement distingué à Cannes, s'intitulait Sexe, mensonges et vidéo. Magic Mike et Ma vie avec Liberace auraient pu également porter le titre inaugural d'une œuvre protéiforme. Les deux films ont été tournés en numérique, le second a été produit par une chaîne de télévision américaine - les producteurs hollywoodiens ont été effrayés par le sujet - et il y est question à chaque fois des rapports complexes entre le sexe et le mensonge. Dans le premier, les mâles jouent le désir sexuel pour provoquer parmi leurs spectatrices un simulacre de plaisir. Comme l'a écrit Alain Masson dans Positif, l'obscénité est en fait dans la salle, parmi ces femmes hurlantes qui surjouent, tout autant que les strip-teasers sur la scène, les rapports amoureux. Le mensonge est l'essence même du show: ici, chacun joue le rôle qui lui a été attribué de part et d'autre de la rampe. Il est interdit de franchir la ligne, d'oublier qu'on est au théâtre, comme le précise bien le meneur de jeu qui fixe les règles dès le départ: il s'agit de regarder et non de toucher. Le spectacle n'est pas la vie. La vie est-elle un spectacle? Calderon, Shakespeare et d'autres l'ont prétendu avec raison. Dans Liberace, il s'agit aussi de mensonge: les spectatrices sont volontairement dupes de la comédie jouée par le pianiste au comportement de "folle tordue". Personne ne veut voir la réalité en face, y compris les deux héros qui se masquent la vérité de leurs relations: le personnage interprété magnifiquement par Matt Damon refuse certaines pratiques qui le dégoûtent et se prétend bisexuel. Il va jusqu'à tenter de fondre son véritable visage dans celui de son protecteur. Le titre original Behind candelabra indique bien qu'il y a quelque chose à chercher derrière les apparences du clinquant. Dans les deux films, il est également beaucoup question d'argent: les femmes, aujourd'hui économiquement libérées de la tutelle de leurs maris, paient pour voir de la chair masculine; et l'opulence dans laquelle vit Liberace n'est pas étrangère à la fascination qu'il exerce sur son jeune amant. Ces deux œuvres de Soderbergh brassent quantité de thèmes mais n'oublient jamais qu'elles sont des divertissements, des spectacles, et dans la salle de cinéma, par un effet intéressant de mise en abyme, nous sommes tout aussi fascinés que les fans de Mike ou de Liberace.
Un film dépeignant une relation amoureuse de ses prémisses à sa conclusion. La particularité ? les protagonistes vivent dans le luxe et la célébrité. Tout est donc décuplé. Matt Damon et Michael Douglas sont géniaux. Soderberg a fait un excellent boulot (décors, mise en scène...). À voir aussi pour l'énergie de Liberace !
Un biopic très agréable que cette plongée tout en strass et en paillettes dans l'univers d'un pianiste star aux USA mais complètement inconnu en France. On a beaucoup parlé de la « résurrection » de Michael Douglas dans le rôle titre, tout en exubérance mais on a pas assez souligné la performance de Matt Damon, impressionnant en petit ami qui passe par tous les stades (toyboy, relooké façon clône, drogué, trompé, délaissé). L'évolution de cette relation vouée dès le départ à l'échec – bravo à Soderbergh pour la symétrie de certaines scènes clés de « début de la fin » d'un couple – se suit avec plaisir et ne souffre que de peu de temps morts, chose rare dans ce genre de films.
Une performance de Michael Douglas qui étonne et très différent de ce qu'il a eu l'habitude de nous montrer. "Ma vie avec Liberace" est un voyage complétement fou dans l'univers de Walter Liberace et de son compagnon, Scott Thorson. Une vie faite, paradoxalement, de lumière et en même temps très fermé presque casanière. Un film loin d'être choquant, qui a bloqué sa diffusion au États-Unis, mais juste une histoire d'amour entre deux hommes que tout sépare et dans une période ou l’homosexualité chez les stars est une tare de la société. Steven Soderbergh arrive à sortir les émotions dans ce couple Douglas/Damon et leurs performances embrase le film. "Ma vie avec Liberace" est avant tout deux grands acteurs qui croient à cette histoire avec les émotions et pressions vécues à se cacher de la vie publique tout en se découvrant l'un l'autre. A conseiller !!
"Ma vie avec Liberace" ou la décadence d'une star des années 50 à 70. Le show Business bling bling dans toute sa splendeur parfaitement filmé par Soderbergh!
Pour le jeu de Michael Douglas...excellent. Film sans concession sur un personnage megalo utilisant à fond la dépendance affective pour jouer les marionnettistes!!!
Comme toujours chez Soderbergh une mise en scène au cordeau. une inventivité de tous les instants. Des cadrages baroques et bcp de style. Qd à la performance des acteurs, chapeau bas, Michael Douglas y est phénoménal.
film de qualité qu' il ne faut pas confondre avec la cage aux folles qui se partageait entre le comique et la tragédie (ceci pour certains spectateurs). un homme très connu et très riche se paye des gigolos mais tombe sur un os, voici le sujet de ce vraiment bon film qui, peut-être, ne va pas assez loin dans la séparation des deux protagonistes. douglas et damon dans la cours aux oscars...
Bravo aux prestations de Matt Damon et de Michael Douglas. On se sent immergé dans le milieu gay de cette époque, notamment par le travail minutieux réalisé sur les décors et les costumes. Des moments drôles, d'autres durs ponctuent cette histoire d'amour particulière et qui pourtant fait résonner ce qui peut se jouer dans les relations plus classiques.
Une star des années 70, fils à Maman, aimant le strass et les paillettes, s'amourache d'un jeune gars abandonnique et en fait son échanson...superbement bien interprété, du grand amour de pervers narcissique que le happy end pourrait travestir en une histoire d'amour...mais c'est le dernier tour de passe passe de ce magnifique pervers narcissique!!
Comment dresser le portrait de ce showman hors catégorie qui semblait avoir inventé l’extravagance à lui seul ? Comment l’approcher sans sombrer dans les clichés et le ridicule ? En cherchant l’homme derrière les strass. En se concentrant sur cette rencontre entre deux hommes, et l’amour sincère qui, loin des regards d’une société hypocrite, les a uni pendant quatre ans. De la rencontre avec Scott jusqu’à la mort de l’idole des ménagères, vaincu par le Sida, Steven Soderbergh brosse le portrait intime de cet homme d’exception, et de l’Amérique des années 70. Reconstituant avec soin lorsque les lieux n’existe plus, réunissant sur le plateau les authentiques objets du quotidien de la star, Soderbergh a su élaborer un décor très crédible, une évocation d’autant plus pertinente qu’elle use d’un humour volontiers féroce. L’essentiel reposait sur le choix de deux acteurs capable d’assumer une partition aussi difficile. Le résultat est sidérant. Liberace brillant par son charme et son intelligence, Michael Douglas fascine et bouleverse. Une composition exceptionnelle qui n’a rien à envier à celle de Matt Damon. Corps de dieu grec et coupe de cheveux à la Big Jim, il est un Scott Thorson absolument touchant. La qualité des compositions de Dan Akroyd, Scott Bakula et Rob Lowe est aussi à saluer. Avec ce biopic, à la fois hommage et témoignage, Soderbergh entendait illustrer l’évolution des mentalités depuis la disparition de Liberace. C’est en effet spectaculaire. En dépit de son casting royal et de sa performance ahurissante, Behind the candelabra (titre original de Ma vie avec Liberace) a été considéré comme trop « gay » par le tout Hollywood et n’a pas trouvé de distributeur pour le projeter en salles aux USA ! C’est la chaîne HBO, productrice du film, qui a réparé cette aberration en le diffusant. Réalisant pour l’occasion une audience record. Liberace n’est plus, mais l’hypocrisie n’est pas morte…