Ma vie avec Liberace…Pour commencer, prononcer « libératchi ». Je préfère le titre anglais « Behind the candelabra », parce que justement derrière le chandelier c’est pas la joie ! Produit par HBO, ce film n’est pas sorti en salle aux USA, officiellement parce que le sujet sulfureux n’aurait pas trouvé son public et que seuls les gays auraient été le voir ! Franchement, on croit rêver !
Le pitch ? Un biopic retraçant les dix dernières années de Liberace, ce pianiste déjanté, qui par crainte de ne pas être vu sur scène, en smoking noir devant un piano noir sur fond noir, a sorti la grosse artillerie côté costumes et mises en scène. Elton John, dans ses plus folles années fait figure de pale janséniste à côté.
Donc derrière le chandelier, la vie n’est pas vraiment très gaie. Une vie recluse dans une immense villa de marbre, de paillettes, de bibelots, de satin et autres trucs clinquants, avec son « protégé », amant, ami, fils adoptif, selon l’humeur.
Ce qu’il y a de plus intéressant dans la vie de Liberace, c’est la différence entre la bête de scène et l’homme de tous les jours. Il s’efforcera toute sa vie de cacher son homosexualité, prêt à tout pour le nier. Il attendra la mort de sa mère pour aller dans les lieux de perdition de la banlieue de Las Vegas assouvir ses désirs sexuels…mais s’il vous plait en manteau de vison, paillettes et maquillage ! Même après son décès, son agent tentera de faire croire qu’une crise cardiaque en fut la cause, alors qu’il est tout bonnement mort du sida.
On sent que Soderbergh (dont c’est en théorie le dernier film pour le cinéma….ha ha ha !) s’est régalé en dirigeant Michael Douglas dans le rôle titre. Au dernier festival de Cannes, Douglas n’a pas eu le prix d’interprétation. Il est pourtant époustouflant dans ce rôle de vieille folle tordue un brin vulgaire mais ô combien attachante ! Je suis curieux de voir le film avec Bruce Dern qui l’a eu, lui, le fameux prix d’interprétation masculine.
Matt Damon a la tête d’Alex Lutz dans le rôle de Catherine du « Petit Journal », qui aurait mangé Patrick Juvet. On a du mal à retrouver Jason Bourne, même en se concentrant très fort. Le duo Damon-Douglas fonctionne à merveille, et ne nous fait regretter à aucun moment la tendance vestimentaire de ces années là…c’était un carnage !
Je signale également la présence de Rob Lowe, qui se fait de plus en plus rare au cinéma, dans le rôle d’un chirurgien esthétique, exceptionnel de drôlerie.
Le tout fait un film où derrière la brillance des paillettes, du luxe et du kitch, la tristesse, l’angoisse, la peur de vieillir et celle de mourir sont les ingrédients principaux de l’âme de ce virtuose sans équivalent.
Je recommande.