Les frileux producteurs de films américains ont permis à une chaîne de télévision de financer ce "dernier" film de Steven Soderbergh.
Bravo HBO Films, qui n'en est pas ici à son premier coup d'éclat ! Je pense notamment à "Elephant" réalisé par Gus Van Sant.
Le réalisateur, de "Ma vie avec Liberace", déjà récompensé par la Palme d'or en 1989 avec "Sexe Mensonges et vidéo" était une nouvelle fois présent au dernier Festival de Cannes. Cette seule sélection vaut déjà pour récompense.
Le film est un savoureux mélange de bling-bling d'hier, à côté duquel celui d'aujourd'hui fait pâle figure. Des décors aux costumes tout brille de mille feux. Trop voyant pour être vrai, trop époustouflant pour ne pas y deviner une triste réalité. Celle d'un homme qui a joué toute sa vie à cacher ce qu'il était réellement. Un gay.
Le scénario évite tous les clichés. Le film est à la fois envoûtant, redoutable, parfois monstrueux, et démontre rapidement l'hypocrisie de la société qui se refuse d'accepter ce qu'elle paie pour regarder, applaudir, voire envier.
Une autre belle démonstration, le gouffre, qui existe bel et bien entre les paillettes de la scène, et la vie privée, ici filmée dans des décors au "kitch palacial". Être aimé pour soi même ou pour les avantages procurés par une liaison qui devait rester cachée ?
Michael Douglas est fascinant, tout à fait exceptionnel. Entre amour, mensonges, une certaine générosité et une solitude absolue, il incarne toutes les facettes de ce personnage avec une grande finesse.
Face à lui Matt Damon peut surprendre par un jeu tout en subtilité, et retenue.
Un beau face à face pour deux excellents acteurs, aux côtés desquels, Rob Lowe, Debbie Reynolds, Paul Reiser ou encore Scott Bakula, participent également à cette parfaite reconstitution d'un certain "entertainment américain" des années 70.
Nul doute que Liberace qui fit tout de son vivant, pour rester dans la mémoire collective, aura gagné son pari grâce à cet excellent film de Steven Soderbergh.