« Stille Walking » est un film d’une rare finesse, d’une élégance et d’une force sublimes, porté par des images parfaitement construites, par une lumière élaborée par touches précises au service d’un récit parfaitement construit. Les dialogues sont justes, souvent savoureux, sensibles. Quand la caméra de Hirokazu s’attarde sur un visage, un regard, nous sommes immédiatement plongés dans les débats intérieurs d’un fils à qui l’on reproche d’avoir survécu à son frère ainé, dans les regrets et le chagrin d’une mère qui ne se pardonne pas d’avoir survécu à son fils, les frustrations d’un père médecin que la retraite a poussé au bord du chemin de la vie, inutile, dans les promesses d’un jeune garçon à un papa mort et dont le souvenir est presque inexistant. La maison familiale renferme l’âme d’une famille dont chaque membre semble s’être éloigné. Si les objets sont toujours présents, ils blessent – le moment où la grand-mère fait jouer un 45 tours dont l’écoute rappelle à son mari un certain jour où il avait trompé son épouse est mémorable ! Et comme un mouvement inexorable, la vieillesse des grands-parents regarde les enfants changés et s’éloignés, la famille éclatée et se recomposée, puis leur mort laisse rejaillir à nouveau une nouvelle famille autour de chaque enfant. A leur tour, ils vieilliront, ils conteront les parents décédés, les souvenirs envolés, pour voir enfin leurs enfants changés et s’éloignés … Que des choses simples, que nous croyions connaitre, mais que ce film nous permet de comprendre et de ressentir à une autre dimension. Ce film m’a rappelé un autre chef d’œuvre, « l’Arbre aux sabots » d’Ermanno Olmi en 1978. J’y ai retrouvé la même émotion, la même sensibilité.
Alors n’hésitez-pas une minute, courrez voir ce film merveilleux bien que fort triste.
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