Rango fait partie de ces films qui appellent à l'aventure, aux rires et à la bonne humeur. Ceux qui vous laissent un sourire béat sur le visage, ceux qui vous ramènent en enfance et qui vous font vibrer comme si vous découvriez le cinéma pour la première fois. Ces dernières années le monde de l'animation semble s'être réinventé, revenant en force sur le devant de la scène. J'ai enfin terminé ma croisade des trois « R » (Raiponce, Rio, Rango) et je dois dire que ce dernier est celui qui m'a le plus enthousiasmé, et compte tenu de la qualité des deux autres, c'était pas une mince affaire.
Rango c'est avant tout l'attachement immédiat envers un personnage hilarant et maladroit, qui ne demande rien à personne mais à qui l'on va finir par tout demander. Rango c'est un p'tit gars qui aime trop les filles et le théâtre pour être pris au sérieux, et la chemise hawaïenne qu'il arbore fièrement n'arrange rien. Au début du film on pourrait croire qu'il est le personnage le plus malchanceux de la terre, mais plus les minutes passent et plus on commence à penser que ça pourrait bien être l'inverse. Ce lézard casanier se retrouve catapulté dans le désert, simple hasard ou destinée en marche, seul l'esprit de l'Ouest le sait. Oui, vous avez bien lu, un lézard. Après une petite fille dans True Grit, c'est un lézard qui tient le premier rôle dans un western, je ne suis même plus dépaysé désormais...
Cet arriviste audacieux que rien ne semble concerner va vite devenir le personnage phare d'une lutte sans merci : la lutte contre la soif. C'est sa nouvelle terre d'accueil, la ville de Dirt, qui va lui faire prendre conscience des enjeux du désert et de sa sécheresse impitoyable. Pourquoi Rango va-t-il se mettre à jouer les héros ? Pour profiter égoïstement de l'amour aveugle que lui voue les habitants ? Pour impressionner Fève, la demoiselle qu'il convoite timidement ? Ou pour feindre d'être un aventurier comme il l'a fait tant de fois dans ses pièces de théâtre faites maison ? Peu importe, le fait est que contre toute attente c'est lui qui devient le symbole de la révolte d'un peuple. L'instigateur du soulèvement de la foule, volontairement ou non. Le périple se dresse devant lui, comme une ombre gigantesque dans le désert, et il avale les kilomètres de poussières en gardant son punch légendaire. La réalisation est dynamique, avec quelques séquences tout bonnement jouissives, l'accompagnement musical est impeccable, et le film ne cesse de se renouveler, filant à mille à l'heure sous nos yeux entre coups de feu, gags efficaces et rebondissements.
Johnny Depp donne vie à son personnage avec brio et toutes les voix et les autres personnages sont aussi attachants que lui, au point que nous devenons nous-mêmes dévouer à leur cause. C'est un théâtre géant, animé et virevoltant, qui prend vie, ajoutant à l'histoire une lignée de clins d'œils cinématographiques. Tout attire notre attention et nous divertit, que ce soit la destinée d'un personnage qui a depuis longtemps conquis notre cœur, celle d'un peuple qui a besoin d'être sauvé ou de la morale du partage qu'il défend. On rit, on écarquille les yeux et on s'extasie devant un film qui donne un grand coup de pied aux derrières des autres productions. Visuellement c'est un régal, et ça l'est tout autant dans le contenu qu'il propose, une vraie aventure comme on en a rarement vécu dans des films d'animation ; normal, c'est l'un des meilleurs.