Après nous avoir démontré son indéniable talent avec Pirates des Caraïbes, Gore Verbinski se lance dans l’animation, un style très différent du ciné live, mais dont il rend les plus belles lettres de noblesse. Pour un mec qui n’a jamais mit les pieds dans le plat, la performance est d’autant plus remarquable. Au premier abord, Rango est graphiquement comparable au travail de Dreamworks, soigné et précis. Mais à force de visionnage on réalise qu’il s’agit là de la Rolls en matière d’animé, une pépite du far west dans un monde de lilliputiens. Ce personnage à lui seul est une pépite. C’est l’exemple type du parfait lambda qui, de mésaventures en rebondissements devient une sommité dans son milieu. Il part de rien, et par son ingéniosité et son talent, finit par se créer une place de choix. Rango n’est même pas son nom, car il n’est personne, un simple lézard retenu en captivité dans un vivarium. Mais lorsque la liberté s’offre à lui, il réalise qu’elle l’emprisonne autant que sa cage de verre. Sur ces terres arides où rien ne pousse, l’eau est la seule monnaie d’échange, l’or véritable, celui qui apporte la vie. C’est au grade de sheriff que lui incombe la plus périlleuse mission : ramener l’eau sur les terres désolées de Poussière, cette ville fantôme où subsiste une poignée de braves. Une fois encore je m’attarderai sur la magnificence graphique de l’œuvre, car à elle seule, elle apporte un réel dynamisme, une profondeur de contraste. C’est une prouesse, il faut le reconnaitre. Autre point d’intérêt non négligeable est le travail réalisé sur le personnage central, à savoir ce lézard bébête sortit de nulle part, jouant la vie comme un rôle secondaire. Sait-il seulement qui il est ? Moi je sais ce qu’il est : drôle, attachant, et finalement débrouillard pour un imposteur. C’est un antihéros néanmoins plus malin que les grosses brutes de l’ouest. L’influence inimitable de Johnny Depp est omniprésente, et plus précisément Bruno Choël pour le doublage français. Doublage magistral, je tiens à le souligner, régit de bout en bout par une drôlerie sans égale et l’art de la réplique à point nommé. Un hommage aux westerns spaghettis haut en couleur, dénonçant au passage quelques aberrations du monde moderne, notamment la ville de Las Vegas qui à elle seule consomme en moyenne mille litres d’eau par jour et par habitant. De quoi illustrer la désertification alentours. Avec Rango, on tend à s’éloigner de l’archétype habituel visant un public jeune. Les dialogues sophistiqués et le message sont autant de richesses pour le cinéphile avisé de grand divertissement. Une référence marquante en la matière. Génialissime ! 5/5