Rango touche les enfants, les adultes les cinéphiles, pourquoi ? Parce qu’il cherche à faire vivre les héros, Parce que qui que nous soyons, nous en cherchons toujours un, nous en avons toujours besoin, que ce soit un « transformer », Bambi ou l'oncle Boonme d’Apichatpong Weerasethakul. Le vrai héro n’est présent qu’au cinéma. Rango est la légende qui survit, il survit de par sa quête initiatique, « qui suis-je ? Je peux être n’importe qui ». Ce cadre dans le cadre qui l’entoure constamment lui montre sa voix, il est le héro de sa propre histoire, il n’a pas le droit de la quitter. Une histoire qui est sur le point de se terminer face à un certain modernisme et une ville « Las Vegas », lieu de la démesure humaine reflétant un rêve Américain. Mais ce rêve Américain n’est il justement pas celui qui efface les rêves et les légendes en déshydratant ceux qui sont sur le point d’en devenir de vraies ? « The future » énoncé par le maire n’est il pas la fin d’un certain cinéma ? Comme il le dit, le modernisme oublie les légendes. Les gens oublieront que ces légendes, Jack La Morsure ou Rango ont existés. Le paradoxe est intéressant, cette ville, lieu de tous les fantasmes humains supprime le rêve et les héros. Peut être parce qu’une fois là bas on se rend compte que le fantasme, une fois réalisé, ne peut aller plus loin. On a toujours besoin d’aller plus loin. Nous désirons ce que nous ne possédons pas. Alors, Verbinski, pour poursuivre le fantasme, créé un personnage qui peut aller là où il le désire : un caméléon. Qu’est ce qu’un caméléon ? Un acteur qui peu endosser tous les rôles, un peu comme Johnny Depp qui est un des rares acteurs arrivant à remplir cette tache. Quelque chose de modelable, a qui on peut implanter différentes identités. Une qui s’amuse à bouger dans tous les sens, une qui peut citer Shakespeare, une qui se retrouve face à un pet, une qui se retrouve face au héro du film de Terry Gilliam. Il y a tout le long du film un parallélisme constant avec l’humanité. C’est pour cela que Rango peut toucher n’importe qui. Il faut des rêves, il faut des héros. Comme pour ces habitants de « Poussière », il faut quelque chose en quoi nous pouvons croire. Verbinski réalise ici une excellente mise en abime et une belle métaphore d’un ancien monde basculant vers un nouveau. Un film se doit d'être intelligent, pour ma part Rango mérite ce statut qui est si difficile à obtenir, surtout en ce moment, celui d’être du cinéma… tout simplement.