Après les excellents "Dans la tête du tueur" (sur Francis Heaulme), "L’affaire Dominici" et autre "Marie Besnard, l’empoisonneuse", TF1 récidive avec ce nouveau téléfilm judiciaire qui retrace l’affaire de Bruay-en-Artois de 1972. Si la mise en scène manque toujours autant d’audace, le scénario est quant à lui passionnant d’autant plus qu’il s’intéresse aussi bien à l’enquête (les face-à-face entre le juge et son suspect sont très réussis) qu’à ses conséquences sociales dans la France d’après Mai 68 (la lutte des classes entre les bourgeois et les Corons, la crainte des politiques de voir s’allumer un nouveau brasier…). Mais, comme souvent, c’est l’interprétation qui retient l’attention avec le trop rare Tchéky Karyo en juge obstiné, la mignonne Agathe de la Boulaye en journaliste post-68, l’inquiétante Valérie Keruzore en bourgeoise glaciale mais c’est Bernard Le Coq qui remporte la mise avec ce contre emploi complet de notable suspecté de meurtre dont l’acteur fait ressortir tout le côté pathétique (le rôle de sa mère, ses relations avec les femmes…) sans pour autant excuser son attitude. Cependant, le téléfilm aurait gagné à être moins manichéen dans son traitement. En effet, il insiste un peu trop sur les mœurs de la bourgeoisie locale (qui se voit, en prime, imputer d’autres meurtres non résolus) alors qu’il passe sous silence la récupération de l’affaire par l’extrême gauche. Un manque de subtilité qui se manifeste également au niveau de la "désignation" du coupable, bien trop évidente pour une affaire qui n’a "officiellement" pas été résolue. Reste un très bon téléfilm tellement supérieur aux conneries habituelles que nous sert TF1 !