Paper Man est une petite découverte estampillée "Sundance Festival" (pour nous : un label qui nous assure un film humain où le sourire côtoie la mélancolie), et l'on peut dire qu'il gagne à être connu (à défaut de gagner des récompenses). Aussi, conspuez les avis de Rotten Tomatoes (à peine 32% d'avis positifs) qui se seront certainement arrêtés à la vision de Ryan Reynolds peroxydé en slip moulant et sourire niais. Paper Man, c'est l'histoire de deux personnes déprimées (Jeff Daniels, touchant comme jamais, et Emma Stone, désarmante) qui se rencontrent, pas tout à fait par hasard (on a eu un petit moment de frayeur, au début, en voyant le personnage de Daniels enchaîner les étapes du pervers malsain... Peut-être que les Rotten sont partis de la salle à ce moment-là), et qui se racontent tout, comme sur un divan de psy. Un peu à la manière d'un Welcome to the Rileys (sorti la même année, et magnifique, si vous ne l'avez pas encore vu), voici que l'adulte aux intentions insondables prend sous son aile la jeune femme triste et presque suicidaire (ici,
elle se jette dans la mer gelée pour se rappeler de sa soeur jumelle morte noyée à cause d'un jeu qu'elles ont initiées ensembles, et dont la femme porte à présent toute la culpabilité
), dans le dos de son épouse qui ne comprend plus rien à son mari (Lisa Kudrow, excellente). Et ces deux perdus de la vie vont
s'aider à se comprendre, à s'accepter, et à faire la paix avec leurs démons pour avancer
. En ami imaginaire surprotecteur ("Captain Excellent", le Superman peroxydé et au sourire Colgate), Ryan Reynolds brille, le peu de temps qu'il a à l'écran (on s'attendait à le voir nettement plus, vu la place qu'il prend sur l'affiche), mais on comprend justement que le but de ce personnage est de disparaître, pour laisser vivre pleinement l'écrivain grand enfant qui a peur de grandir... On a eu mal à notre petit coeur à la fin, autant par
l'adieu tristounet (mais nécessaire) de Daniels à Reynolds, que par l'ami imaginaire de Stone - Kieran Culkin, s'il-vous-plaît - qui se suicide finalement à sa place.
Une fin dure, mais qui accompagne la rédemption de ces deux personnages que l'on a appris à connaître durant les 1h50 de film qui démarrent lentement (et nous mettent le doute sur le contenu qu'on va voir...) mais qui ne s'arrêtent plus une fois lancées. La fin, surtout, nous a marqué sur
l'adieu nécessaire (ou plutôt : à l'au-revoir, si l'on regarde bien le générique
) à l'enfant craintif qu'on était, pour avancer dans la vie. Un très beau film !