Je comprendrais très bien que d’aucuns trouvent le film nauséabond ; Harry Brown, le justicier de la cité, un dirty Harry version United Kingdom. La loi du Talion aurait-elle deux poids deux mesures ? Pourquoi s’offusquer du personnage de Charles Bronson, de celui de Clint Eastwood ? C’était une autre époque. Depuis, d’autres films ont fait l’apologie de la revanche personnelle en plus fute-fute comme celui-ci. La mise en scène prend son temps pour installer la situation et les personnages, et ce temps permet aussi la réflexion. Elle précède la réaction, laquelle paraît inéluctable, prévisible. C’est un film réfléchi et l’interprétation tout en sobriété de Michael Caine y est pour beaucoup comme l’ensemble des acteurs qui composent cette histoire déprimante, glauque et froide comme la lame d’un poignard des Marines. Puis, il faudrait arrêter de raisonner « réalité ». Laquelle se veut « morale ». C’est un film. Les films sont là pour nous faire rire, nous renseigner, nous apprendre, nous bercer d’illusions, de rêves, nous transporter, nous effrayer. Ils ont pour unique fonction de nous distraire. Alors si Harry Brown emploie des méthodes qui sont loin d’être douteuses, mais des méthodes contraires à la morale, peu importe dans la mesure où le réalisateur fait preuve de maîtrise, de réflexion, d’action qui capte toute mon attention. Le cinéma est aussi là pour nous sortir de la « réalité » et de la « morale ». Le film ne nous propose pas des jeunes sympathiques. Et comme Hicock, l’inspecteur, si Harry Brown nous en débarrasse, ce n’est pas plus mal. Et ça donne un bon film. Alors, hauts les flingues ! A bas les barbares des cités ! Enfin, il est à noter, que la scène d’ouverture est d’une violence glaciale et « réelle ». Daniel Barber est un réalisateur encourageant comme la plupart de ses confrères britanniques qui s’emploient à revigorer leur cinéma.