Si l'on se souvient bien il y'a 3 ans de cela Eden Lake montrait déjà la violence des jeunes anglais, Eden Lake se montrait brutal, violent et pessimiste (avec un final juste horrible). Ensuite il y'avait eu Outlaw, film traitant de l'autodéfense mais aussi de l'inefficacité de la justice à maintenir l'ordre. Aujourd'hui nous avons Harry Brown, qui raconte cette même violence, ce même état d"esprit de colère, mais du point de vue d'un vieil homme.
Harry Brown est un homme seul, il a perdu sa fille très, trop tôt, sa femme est décédée et il ne reste plus que son ami Leonard. Les journées passent et se ressemblent, Harry Brown fait mine d'ignorer cette violence jusqu'à ce que la police lui apprenne la mort de Léonard, décédé suite à des coups mortels. Mais l'enquête ne donne rien. Harry Brown, dans une grande colère qui dormait en lui, décide de s'occuper des meurtriers qui s'en sont pris à son ami; car Harry Brown n'est pas n'importe qui: il a été soldat dans les Marines Britanniques et sait se battre.
J'attendais énormément de ce film, depuis sa bande annonce direct et brute de décoffrage jusqu'à des extraits d'une incroyable tension, et je n'ai pas été déçu du film.
Pour tout dire je suis très impressionné par le réalisateur Daniel Barber; pour un premier film, il a parfaitement maitrisé son film: d'un point de vue technique, sociologique et thématique. Daniel Barber a su donné un ton épuré avec une caméra fixe ou alors avec des mouvements de caméra fluide et net. Il donne, grâce à sa réalisation, un ton très sombre et funeste, capturant la solitude du personnage principal. Mais en gardant ce même style de réalisation, il étudie et scrute la violence londonienne (les plans qui épousent le point de vue de Harry Brown en témoignent).
L'aspect sociologique est parfaitement exploitée, étant donné que le personnage principal vit dans un chaudron bouillant, il tente d'ignorer cette violence mais son ami le lui rappelle constamment (les deals, les dires de Léonard) et quand le drame est passé, Harry Brown la voit et se rend compte de l'inefficacité de la police à stopper ces violences, d'où la prise de conscience, la colère et finalement le passage à l'acte.
Thématiquement, la violence est brutale, insoutenable mais ne verse pas dans le gore ni dans un quelconque lyrisme westernien (j'y reviendrai), elle est montrée de manière réaliste mais toujours d'un point de vue (celui de Harry Brown principalement): tuer est un acte ignoble, ça donne le tournis et donne envie de vomir. Là encore la violence n'est pas mise en avant comme un gimmick ou pour attirer les fans de films gore, au contraire: montrer plus de violence incite à arrêter les violences, d'ailleurs au début du film il est montré la totale absurdité de la violence (montrée selon un jeune voyou, nous assistons à la mort d'une jeune femme).
Parlons de Harry Brown- le film: au delà du fait que c'est un film qui est témoin de son époque trouble, il en ressort un certain aura westernien et plus particulièrement du western italien: en effet il y'a beaucoup de similitudes entre ce film et ce type de western. Tout d'abord Harry Brown-le personnage- est un être solitaire tentant de mener une vie à peu près normale, parle peu (surtout de son passé) et quand il se bat, il exécute les criminels avec la même froideur qu'un Clint Eastwood; ensuite la cité dans le film est représentée par des lieux hautement symboliques: la maison du vigilante, le bar miteux, le commissariat, le souterrain (qui remplace la grande avenue) tous les lieux de ce genre sont représentés mais dans un contexte différent. Ensuite le western est un genre qui exploite pleinement le thème de la vengeance. Ceci s'en ressent dans la mise en scène car le réalisateur fait monter constamment la tension toujours avant qu'il y'ait un déluge de coup de feu et puis l'acte en lui même est exécuté de manière rapide.
Pour ce qui est des acteurs, ils sont tous excellents: qu'ils jouent des drogués, des voyous, des policiers, ils sont tous très bons. Michael Caine est différent: il déploie un charisme qui le fait énormément ressembler à Clint Eastwood, et porte le film sur ses épaules.
Malgré tout le film a un bémol: son final est un peu trop optimiste, là où on attendait la fin logique du vigilante (il devrait mourir car il n'a plus de raison de vivre) mais le film semble adopter un point de vue légèrement ambigu: faire la loi soit même est mal mais le faire quand même permet de botter le cul à la racaille et la violence. Un peu embarrassant.
Cela dit je terminerai en disant que Harry Brown est un excellent film, pas simplement en tant que polar, film d'action ou autre chose, Harry Brown est un excellent c'est tout et qui est à mettre dans la liste des meilleurs films de l'année.