"Bronson", film sorti en 2009, est une grosse, très grosse déception. Le réalisateur, Nicolas Winding Refn s'est fait remarquer grâce à la trilogie Pusher, trilogie que le public français ne découvrira que dix ans après sa sortie originel. Nicolas Winding Refn nous propose un portrait sophistiqué, dont la stylisation visuelle finit par occulter l’intérêt potentiel du sujet. Le film met en scène Michael Peterson alias Tom Hardy, issu du monde ouvrier et peu éduqué, qui avait un rêve : devenir une célébrité et voir sa tête à la une des journaux par quelque moyen que ce soit. En 1974, âgé de dix-neuf ans, il se fait arrêter pour avoir braqué un bureau de poste à l’aide d’un fusil scié. Son maigre butin, 27 livres, lui vaut une condamnation de sept ans de prison. Or Michael Peterson, qui prendra le pseudonyme de Charles Bronson, est toujours en prison à ce jour. Cumulant plus de trente ans en maison d’arrêt, ce prisonnier à la violence hors norme, constituant une menace pour le personnel pénitencier comme pour ses co-détenus, a passé trente ans en isolement. En devenant l’incontrôlable Bronson, ce "professionnel" de la détention est parvenu à devenir une star des médias britanniques. Ce film est le portrait d’un homme que la prison a rendu sauvage et que les peines successives ont condamné à la réclusion perpétuelle. Peu à peu, il devient clair que Michael Peterson ne peut s’émanciper du caractère cyclothymique et hyper-violent de Bronson. Derrière l’homme bourru et sanguin, l’enfermement donne aussi naissance à un artiste unique, dont les poèmes et les dessins revêtent une âme sensible évidente. Nicolas Winding Refn choisit donc de se concentrer sur le développement d’une personnalité marginale, plutôt que proposer la biographie d’un homme ordinaire et simple vers une gloire étrange, dont le prix est celui de sa liberté, et sûrement celui de sa stabilité mentale. J'ai toujours eu du mal à accrocher au style de Nicolas Winding Refn et "Bronson" en témoignera. Effectivement, moi qui avait détesté "Drive", j'ai eu énormément de mal à accrocher ce "Bronson". Le film mise tout sur l'esthétisme, et c'est vrai que visuellement il est irréprochable. Mais le film mise trop sur l'esthétisme et délaisse un peu l'intérêt de l'histoire, à savoir la vie de Charles Bronson. Nous retrouvons donc le génial Tom Hardy dans le rôle du prisonnier le plus dangereux de Grande-Bretagne, et c'est réellement le point fort du film, l'acteur étant tout simplement parfait, omniprésent à chaque plan. Le film se concentre donc sur un personnage intrigant et éminemment charismatique, et délaisse totalement tout personnage secondaire. Cependant outre l'excellent casting et l'esthétisme, le film possède de nombreux défauts. Tout d'abord, le choix d’une sophistication visuelle correspond certes à la démesure certaine et à la folie progressive du protagoniste, mais fatigue rapidement par son caractère artificiel. Ensuite, on ne se sent pas trop concerné par ce biopic, et au final on apprend très peu de choses sur ce prisonnier. Le film possède un rythme assez irrégulier, et demeure un peu court à mes yeux, moins d'une heure trente. La Narration n'et pas très habile, quelque fois incohérente. La BO est certes audacieuse, mais elle est un peu démodée car elle s'oriente dans les 80's. Tout le monde dit que c'est le "Orange Mécanique" du XXI° siècle mais c'est archi-faux, car si la violence est filmée artistiquement, il n'y a aucune réflexion philosophique dans ce "Bronson", et puis il ne lui arrive même pas à la cheville. En résulte donc que ce "Bronson" est un film au style bien particulier, un film beaucoup trop contemplatif.