Film d'horreur inspiré d’un fait divers, Schizophrenia est le récit d’un homme libéré de prison après avoir purgé une peine de quatre ans pour avoir assassiné une femme âgée. Très vite, l’idée de tuer à nouveau l’obsède. En parcourant la ville, il s’introduit à l’intérieur d’une villa dans laquelle résident deux femmes, la mère et la fille, et un garçon tétraplégique, le frère de cette dernière.
Rarement un film n'avait été aussi dérangeant et malsain que celui-là, sans doute parce qu’il est d’un rare réalisme. Gerald Kargl propose une expérience éprouvante pour le spectateur, avec un déroulement du récit en temps réel. On est plongé tout au long du film dans la pensée du psychopathe qui nous décrit ses souvenirs, ses désirs les plus fous, ses plans, le plaisir qu’il prend à tuer, à quel point la satisfaction n'est qu’éphémère, que ses pulsions perverses ne s'arrêtent jamais, et ce à travers une voix off omniprésente qui restera toute la durée du film le seul point de vue que nous ayons. Si le film se révèle impressionnant au final, ce n’est ni pour son histoire relativement "banale", ni pour ses scènes de violence physiques qui restent rares, mais pour sa forme qui fait preuve d’une grande originalité. Le cinéaste, dans une mise en scène clinique -photographie, couleurs froides - met en forme la moindre action du personnage psychotique en alternant plongée, contre plongée, utilisation du système de caméra fixée à l’acteur, gros plans et très gros plans sur son visage, mouvements de caméra nerveux traduisant l’hystérie du personnage fort impressionnants mais aussi incroyablement déroutants car toujours très réalistes et entraînant une proximité avec le personnage fort dérangeante. L’acteur aussi fait vraiment flipper dans ses expressions du visage, ses gestes etc. Tout n'est pas parfait. Les acteurs secondaires par exemple sont moyens et la fin est assez bancale mais dans l'ensemble ça reste une experience très intéressante.