Unique film de Gerard Kargl, et ayant fortement inspiré Gaspar Noé dans son oeuvre, "Schizophrenia" dresse le portrait angoissant d'un tueur en série qui, une fois sorti de prison ne peut s'empêcher d'aller tuer à nouveau. Après avoir échoué dans sa tantative d'étranglement d'une chauffeur de taxi, il s'enfui vers, ce qui lui semble être, une maison abandonnée. Il remarquera assez vite que la batisse est habitée par une vieille femme et ses deux enfants. Une nuit d'horreur va pouvoir commencer. Tout d'abord, de "Schizophrenia", je le connaissais malgré moi ayant vu tout jeune dans une certaine émission télévisée un extrait ou Erwin Leder avale gouluement une saucisse dans un café tout en observant avec avidité les deux jeunes femmes qui discutent devant lui. La parution de ce film rare en DVD m'a fais ruer dessus car, de un, j'affectionne les thrillers et de deux, les films ayant une pointe de psychologie. Pourtant on constate que ce "Schizophrenia" est à 90% composé de psychologie, à savoir celle du tueur en série, chose rare pour un thriller horrifique. Certes, la mise en scène est parfois brouillonne, mais le faible budget et les quelques maladresses disséminés ici et là dans l'oeuvre de Kargl apporte un plus à l'ambiance malsaine qui y règne. A l'image de "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hooper, tout est dans l'ambiance et non dans la violence (quoi que la scène finale entre le tueur et la fille est tout de même assez cru et osé, surtout pour un film sorti dans les années 80). Disons qu'ici, la violence est omniprésente, mais non sous sa forme visuelle et physique. La violence est mentale. La grande originalité et qui fait tout l'intérêt de ce long-métrage est que le spectateur est plongé constament dans les pensées du tueur qui exprime ses craintes, ses désirs, sa triste vie, sa jeunesse, suivant le contexte dans lequel il se situe. Rare pour un film du genre. La réflexion est ainsi poussée et les questions qui s'y présentent, seul le spectateur est capable d'y répondre selon les dégrés de lecture dans lesquels il a regardé le film. Avec très peu de coupes et une caméra quasi non-stop en action qui suis seconde par seconde les mouvements du meurtrier, Kargl parvient à instaurer une atmosphère unique en son genre, qui dérange. Erwin Leder est particulièrement convainquant dans son rôle (surtout qu'il a le profil adéquat) et porte tout le film grâce à son jeu d'acteur étonnant. Ce qu'on ne peut pas dire pour les autres acteurs qui souvent surjouent et ne semblent pas s'investir entièrement dans leur rôle. Heureusement que le film dispose de très peu de dialogues live, le rythme étant constament bousculé par l'esprit malsain du sérial-killer. Malgré ses défauts, difficile de ne pas apprécier "Schizophrenia" tant, malgré son budget restreint, il parvient à déranger et à faire réflechir sur la violence et les origines de cette violence. Une oeuvre de dingue en apparence mais ô combien mature et réfléchie dans sa profondeur, réaliste et poignant.