Estomago est actuellement un des meilleurs films de l'année. Encore une fois le cinéma brésilien tout l'étendu de son talent. Tout d'abord on nous sert une histoire originale en guise d'entrée. En plat de résistance nous avons droit à un jeu d'acteurs exceptionnel accompagné d'une musique vraiment esquisse. En seconde plat nous avons droit à une magnifique photographie, le chef op' a fait du très bon boulot. Puis vient le dessert, un côté décalé au coulis d'humour très noir. Marcos Jorge en chef de cuisine nous aura servi un chef d'oeuvre, s'est à merveille qu'il est parvenu à mélanger une histoire de cuisine et une autre de prison avec le même personnage. Nous suivons deux montés en puissance parallèle qui se terminent de la même manière Ce film est tout simplement géniale je le conseille à tout le monde, et notamment aux gourmands qui vont se régaler. En guise de Popcorn je vous conseille les fourmis frits... ;)
Ce film raconte l'histoire d'un homme, Raimundo Nonato, qui vient de la campagne et qui va survivre et trouver sa place dans la société grâce à ses talents de cuisinier. Au départ, il n'a que quelques notions en la matière mais il progresse vite. D'abord recueilli par un patron de snack-bar, il le quitte pour le patron d'un resto italien assez chic. Tombé amoureux d'une prostituée au point de vouloir l'épouser, il la retrouve dans les bras de son patron. Le film consiste en un montage parallèle de sa vie à son arrivée dans la ville et de celle qu'il connait en prison, dans une cellule où ils sont 6 ou 7, avec une hiérarchie bien établie. Ses qualités de cuisinier vont lui permettre de grimper dans cette hiérarchie. "Estômago" est un film qui sort de l'ordinaire, quelque part entre "La grande bouffe" et "un prophète". On avait déjà vu João Miguel, qui joue le rôle de Raimundo, dans "Mutum" et dans "le ciel de Suely".
Entrée en détention d'un prisonnier. Pourquoi se retrouve-t-il là ? Pour quelque peccadille, sans doute, tellement il paraît inoffensif. Des flashbacks réguliers vont nous le faire comprendre peu à peu. Raimundo a quitté sa campagne pour chercher une vie meilleure dans une métropole brésilienne. Il va y montrer des dispositions providentielles pour la cuisine, et passer rapidement d'une gargote à un restaurant italien de qualité. Pris en amitié par le patron, il apprend les raffinements de son art, dans le même temps où il découvre l'amour en la personne d'Iria, une prostituée de belle santé et de petite moralité, comme la suite de l'histoire en apportera la preuve éclatante, en scellant alors tragiquement son destin, avec prolongement saisissant façon "Bouchers verts". En prison, Raimundo saisit l'occasion de s'attirer les bonnes grâces du petit caïd, "capo" de la cellule, "Buju" - il offre d'améliorer l'ordinaire - ignoble. Comme tout s'achète dans cet univers, Raimundo, rebaptisé "Romarin", tellement il fait un usage fréquent de cette plante aromatique, arrive à flatter sans difficulté les papilles de Buju grâce à l'approvisionnement assuré par les matons dûment stipendiés. Résultat : non seulement il ne couche plus par terre, mais il accède au niveau inférieur des 3 lits superposés, puis au niveau intermédiaire. Mais l'ambition le pousse à viser le lit du dessus, celui de Buju ! Un festin d'anthologie organisé pour l'arrivée dans la centrale d'un grand caïd va lui fournir l'occasion de réaliser son plan de carrière. La partie du récit retraçant l'ascension du cuisinier avant la détention est moins bien maîtrisée que celle mettant en scène sa pittoresque reconversion en prison (toujours au service de l'art culinaire cependant), il y a des longueurs, et un certain maniérisme qui n'ajoute rien. Ceci pour expliquer une notation à 3 étoiles seulement d'un film par ailleurs original et présentant avec malice une sorte de fable sur le ton du : "manger ou être mangé".
Depuis La grande bouffe jusqu'à ... Le grand chef (film coréen sorti l'année dernière et passé inaperçu), en passant par Le festin de Babette, entre autres, le film culinaire est un genre à part entière. Estomago, du brésilien Marcos Jorge, en est une nouvelle illustration, sans doute lourde pour certains estomacs délicats, mais dans l'ensemble plaisante, car rocambolesque et épicée comme une bonne feijoada. La gastronomie y joue un rôle essentiel dans la narration, du petit restaurant à la prison, sans oublier le monde de la prostitution. C'est un film métissé comme le Brésil, qui possède une palette de saveurs étoffée : tendre, violente, vulgaire, raffinée. Encore une fois, les fins palais trouveront à coup sûr la recette indigeste ; pour les autres, pas de souci, c'est à déguster sans modération.
Un film brésilien excellent. Les tribulations d'un génie de la cuisine ou comment se sortir de toutes les situations en prenant les gens par l'estomac. Les acteurs sont excellents et le scénario original. A voir !!