Dans la famille Luchini, on demande la fille, Emma, un court-métrage au compteur, visiblement aussi allumée que son père. Co-écrit avec son actrice principale, le scénario de Sweet Valentine, son premier long-métrage, sonne le creux, se contentant d'aligner les scènes sans l'envie de raconter une véritable histoire. Dans ce qui pourrait être considéré comme un remake essoré de L'emmerdeur, le film navigue à vue en imprimant des atmosphères inspirées de Kaurismäki, Jarmusch, Wenders (liste non exhaustive) avec un soupçon de surréalisme belge pour enrubanner le tout. L'aspect visuel du film est chiadé, joliment onirique à deux ou trois reprises, et le jeu de Vanessa David, tout en nuances, qui se révèle une actrice ébouriffante, sont à mettre à son actif. C'est déjà ça, mais c'est un peu maigre, et l'humour noir et décalé (forcément) a du mal à passer la rampe, du moment où l'on se fiche un peu, beaucoup, de ce qu'il peut bien arriver à ce couple improbable de losers, dont la dérive est émaillée de rencontres d'individus systématiquement bizarres et incongrus. Emma Luchini a au moins le mérite d'aller jusqu'au bout de son idée (laquelle, au fait ?) et ose un générique de fin sur une ritournelle de Tino Rossi. Allumée, oui, mais pas très claire, cette chère Emma.