SE7EN ; Film de Fincher, avec trois acteurs fabuleux Pitt, Freeman
et Spacey
. Une fois qu’on a salué ces trois légendes, attaquons-nous au film, avec spoiler car c’est la fin qui permet de comprendre la démarche de Fincher. J’ai beaucoup de mal avec Fincher car un artiste doit mettre de lui-même dans ses films. Or Fincher ne met que ce qu’il y a de pire en lui, il semble expurger ce qui le révulse le plus en lui. Il filme pour se débarrasser de ses démons, pour n’avoir plu que le meilleur de lui à offrir au quotidien à son entourage. Les personnages de Fincher sont optimistes ou réalistes. Le réalisme, c’est le désespoir. La ville, la société, la météo, tout est insupportable. Comme si, quand quelque chose l’énervait dans le quotidien, il s’en vengeait par la caméra. On ne fait pas un film en mettant le pire de soi. On fait un film en se mettant tout entier. Si on met la partie de soi qui pense que tous les hommes sont coupables. Alors on met aussi celle qui pense que les hommes valent mieux que ce qu’ils font, qu’ils aiment, qu’ils s’entraident, qu’ils ont de la compassion. Là où dans le Dark Knight,
la scène des bateaux compense la chute d’Harvey
, chez Fincher tout mène au désespoir. Le film laisse clairement
triompher Spacey
. Le film ne lui donne jamais tort. Fincher cherche-t-il à tendre un miroir à la société et lui dire, regardez, vous avez tellement peu de principe que vous finissez par donner raison à ce cinglé ! Peut-être, mais pourquoi partir du principe que le spectateur réagira ainsi ? Est-ce un film qui tend à espérer que le spectateur sera choqué et désapprouvera la démarche artistique ? Est-ce une de ces très rares œuvres qui incarne le contraire de la pensée de l’auteur et n’a pour but que de condamner ceux qui oseraient apprécier et comprendre?
Non, clairement non. Le film montre
un assassin qui triomphe
, donc un monde sans moral. Un monde où
les personnages finissent par céder à leur démon
, un monde d’une violence effrayante qui engendre la violence, un monde où les personnages paraissent toujours plus traumatisés.
Et puis il y a la violence, chaque meurtre doit marquer les esprits par sa violence afin de porter le message de l’assassin. C’est quand même incroyable de vouloir à ce point légitimer son méchant. La violence choque le spectateur. Et le film joue sur la fascination du spectateur pour la violence. Le film s’appuie sur les instincts les plus répugnants des hommes.
Clairement, mon problème avec le film est que je ne suis pas du tout d’accord avec la démarche artistique de Fincher, avec la signification du film. Il est certain que c’est super bien filmé, que les acteurs sont excellents, que l’écriture des personnages est très travaillée (surtout pour ce qui est du personnage de Pitt dont l’évolution et très bien montré :
chacune de ses scènes mène à la scène finale
), qu’il y a de très belles scènes, comme la scène dans la voiture
avec Spacey
, ou la scène au resto entre Paltrow et Freeman, un des rares beaux moments de poésie du film.
Ce serait un très bon film si je partageais la vision de Fincher, mais je ne la partage pas.