Un scénario unique dès le départ (un psychopathe se livre à une boucherie en série avec les Sept Péchés capitaux comme fil conducteur), une mise en scène percutante, des personnages charismatiques: dès les premières images, le spectateur est, comme dans Fight Club, d'ores et déjà happé par le film et fasciné par cette sombre intrigue. Du Fincher! De rebondissements en rebondissements, le réalisateur manipule le suspense avec beaucoup d'habileté jusqu'à le rendre insupportable vers la fin du film. Le plus marquant dans Se7en, c'est sans doute son ambiance: psychologique, glauque, malsaine. Une ambiance mise en place par le personnage du psychopathe, l'un des plus mémorables que le cinéma ait porté, par le creshendo dans l'horreur qu'effectue le scénario, mais aussi par une succession de plans brutaux. Dérangeant, diront certains, scabreux, écoeurant, pourrait-on même dire: oui, et c'est le talent artistique avec lequel Fincher plonge dans cette saleté qui en fait un réalisateur hors norme. Là où on reconnaît Fincher, c'est aussi dans le "message" de cette oeuvre; clairement pas à la gloire des USA, le film nous montre ses aspects les plus sombres, souvent explicitement (criminalité, décadence morale), parfois plus implicitement (culture de l'apparence); l'ambigüité de ce message réside dans le fait que ces facettes noires de l'Amérique nous sont dévoilées à travers un criminel aussi immoral qu'illogique. Comme dans Fight Club, le film pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses.
Le film se révèle aussi envoutant qu'un sombre cauchemar jusqu'au dénouement, qui constitue un "twist ending" de qualité, mais qui accomplit aussi et surtout l'exploit de retourner l'intrigue, les personnages et la morale du film dans leur entier.
Quant à la musique d'Howard Shore, on peut lui repprocher sa discrétion, malgré de belles mélodies angoissantes qui parviennent à assombrir une intrigue déjà noire. Il s'agit certainement du meilleur thriller sur fond de fanatisme religieux (par pitié, oubliez Da Vinci Code...) jamais réalisé, et l'un des chef d'oeuvres du genre thriller psychologique (meilleur que le Silence des Agneaux pour ma part).