Le premier long-métrage de Ruben Fleischer représente un outil ludique, comme le « Shaun Of The Dead » d’Edgar Wright, mais à une sauce plus américaine. Le fun et le gore donnent lieu à un divertissement sans complexe, mais qui est loin d’être aussi simplet dans son développement. Les zombies ont toujours été des figures métaphoriques d’une société ou autre entité que l’on dénonce avec parcimonie. Or, ce film met les pieds dans le plat et n’hésite pas à tailler les stéréotypes outre-Atlantique pour en rire. La formule fonctionne, sans vraiment souffrir de comparaison avec d’autres œuvres qui ont tenté l’expérience. Ce film se détache ainsi, nous livrant un road-movie sympathique, à vivre en famille et entre amis.
Comme le titre l’indique, nous avons à faire à une attraction qui demande suffisamment d’attention comme gage de participation. Et une fois sanglée au récit et autres jeux balisés de règles amusantes, la montagne russe est lancée. On retrouve un Colombus (Jesse Eisenberg) à la fois perdu et lié à la solitude. Son objectif est en rythme avec l’intrigue dans sa globalité, ce qui nous permet de ne pas perdre pied. On en vient justement à rendre hommage à des codes connus, en les prenant à contre-pied de manière judicieuse, c’est pourquoi le film se distingue de son homologue britannique. Vient alors un Tallahassee (Woody Harelson) afin de compléter un duo incongru, mais qui fera le travail en matière de fun et des leçon les simples, comme les plus idiotes. De son côté, c’est la quête d’une satisfaction personnelle qui l’anime, et le sujet est amené avec une certaine malice pour qu’on ne manque ni de folie, ni d’empathie.
Mais outre le caméo, pivot jouissif du récit, c’est au tour d’un duo particulier d’apparaître. Wichita (Emma Stone) et Little Rock (Abigail Breslin) sont deux filles féroces, ponctuant cette indépendance aux hommes et au système parental. Même si cela reste maladroit dans les démonstrations, on peut aisément retomber sur le sujet d’une Amérique qui souffre de son système de survie. La surconsommation, l’addiction et l’hésitation conditionnent une population qui se montre irrationnelle et agitée, à la différence d’un Colombus aux airs d’anti-héros dans son genre. En alternant le gore et la parodie, on cerne assez bien les propos, bien qu’ils soient souvent outranciers et provocateurs. Les scènes de désordre et de destruction témoignent presque de l’innocence, mais cela reste peu pertinent, tout comme les surnoms des protagonistes, ne servant qu’à géolocaliser leur personnalité.
« Bienvenue à Zombieland » évoque ainsi la difformité d’une nation qui s’est divisée par son égoïsme et son manque d’ouverture d’esprit. Le film révèle donc un certain courage et une arrogance dans ce quatuor familial. En usant de procédés cartoonesques et délirante, le film se place tout de même dans une vignette bas de gamme, dû à son faible scénario et son fond qui ne se discutent pas. Il se dévore, tel un gâteau fourré. Une fois, ça passe, puis ça finit par écœurer. Ironiquement, c’est ce que le cinéma Hollywoodien peut proposer de mieux, sachant son cahier des charges. C’est une recette à la fois généreuse, mais grasse, qu’on le veuille ou non, tout le monde paye l’addition et déguste.