Première apparition d’un personnage clé du western spaghetti, Sabata est un western assez bizarre. Je dirais qu’il a pour lui une belle reconstitution, de beaux décors, une touche d’originalité toute italienne en introduisant des acrobates, des pièges tous plus ou moins loufoques, bref, une excentricité bienvenue pour donner un côté moins classique à un genre très balisé. Il a aussi pour lui une bande son plutôt réussie et de bons acteurs, en particulier Lee Van Cleef qui trouve un rôle dans un style qu’il connait très bien et auquel il prête son charisme et son style froid et rugueux. Autour de lui pas mal de trognes du cinéma italien, notamment Aldo Canti et Franco Ressel. Pour ma part, on ne peut pas dire que le métrage soit déshonorant de ce point de vue, mais il faut aussi avouer qu’en dépit de son casting et de ses moyens, Sabata tourne en rond ! Le scénario est plus que minimaliste et n’arrive jamais à entraîner le spectateur. Entre un Sabata quasiment réduit à son talent au tir, des méchants très caricaturaux et une absence quasi-complète de seconds rôles développés (Berger se limite au tir et à savoir jouer du banjo, même sa copine, rare personnage féminin, n’est pas du tout exploitée ; Canti est muet et fait des acrobaties !), le tout saupoudré d’un enjeu très basique (du fric), le film fait dans le minimalisme le plus complet et il en résulte une histoire malheureusement assez fade. Ca tire beaucoup, il y a des pauses humoristiques douteuses, des dialogues souvent inutiles mais il n’y a pas d’ampleur, pas de dimension tragique ou épique, et pourtant il y avait un vrai potentiel vu le début du film, mais l’intrigue prometteuse d’une traque âpre et rugueuse à travers le far west s’éloigne au profit d’un basique face à face bavard, répétitif, et lorgnant un peu trop vers Sergio Leone !
Je note par ailleurs que Parolini n’est pas Leone, que ce n’est même pas le meilleur réalisateur de western bis italiens, et que la réalisation très quelconque ne soutient guère les bons décors du métrage.
Ma conclusion est que sans être un western indigent, Sabata n’apporte pas grand-chose au genre et alors qu’il aurait pu être un film sérieux ou franchement parodique, il hésite et peinera à contenter les deux publics en restant au milieu du gué. Cela dit, il y a plein d’autres Sabata, peut-être meilleurs, il faut que j’explore ! 2