On ne s’arrête plus dans la foire du remake. Une semaine après le très nul 3 prochains jours, la loi anti- récidive n’a pas été assez prompte pour nous épargner ce Tourist. Mais contrairement au film de commande banal et indigeste de Haggis, on a ici un peu de mal à comprendre ce que tout ce beau monde est venu faire dans cette galère. On peut comprendre pour le réalisateur Florian Henckel von Donnersmarck, oscarisé pour son chef d’œuvre intimiste La vie des autres, et qui cherche à prendre ses marques à Hollywood en apportant une caution européenne à l’affaire. On a plus de mal pour Angelina Jolie et Johnny Depp, plutôt mauvais sur le coup et qui auraient du sentir l’odeur du sapin dès le départ. Et on doit vraiment se creuser la tête pour imaginer ce qui a pu motiver des producteurs à rassembler autant d’argent sur un concept et un script aussi faible.
Ce script qui déroule une histoire d’espionnage autour d’une mystérieuse femme, suivie par Interpol car elle doit les mener à un mystérieux arnaqueur qui a volé un mystérieux mafieux et doit quelques centaines de millions de livres au trésor de sa Majesté. Pour brouiller les pistes, elle fait semblant de s’enticher d’un prof de maths qui n’a rien de mystérieux, qu’elle rencontre dans le train et emmène à son hôtel. Et là, c’est le drame.
Objectif déclaré du film : mettre le paquet sur le charme et le mystère, pour en faire une référence de film de fin d’année cool et distingué.
Pour le charme, la production nous emmène de Paris à Venise, en insistant sur le glamour des villes visitées, et en espérant que mettre sur pellicule deux des stars les plus sexys de la planète suffira à allumer la flamme. Mais les grand moyens déployés ne servent pas à grand-chose tant l’ensemble est filmé comme une carte postale (pour touristes), et que l’alchimie entre les deux personnages est rendue proche du néant par deux acteurs qui semblent surtout vouloir limiter la casse en en faisant le moins possible. Mention spéciale à Angélina Jolie dont le jeu de femme fatale consiste à se maquiller comme une voiture volée et à changer de toilette haute couture tous les quarts d’heure. Ce qui est assez raté en devient franchement embarrassant quand l’équipe cherche à aller au bout du cahier des charges, et pousse le vice jusqu’à essayer d’intégrer de l’humour à de multiples reprises. Soit Johnny Depp qui confond tout le film l’espagnol et l’Italien et qui remplace « buongiorno » par … « Bon Jovi ». Mouarf mouarf. Pour le film cool et classieux, on repassera.
Pour la partie « mystère », toute l’intrigue cherche à être vaporeuse pour mieux nous emmener vers un gros twist final, en délayant une bonne heure et demie pendant laquelle le spectateur est censé ne se douter de rien. Qu’il ne se passe pas grand-chose pendant tout ce temps ne semble avoir ennuyé personne, puisqu’aucune scène rythmée et presque qu’aucune scène d’action ne viendra perturber le petit bonhomme de chemin. Et quant à l’énigme, il ne restera malheureusement pas grand monde dans la salle pour ne pas l’avoir deviné au moment crucial…sauf évidemment l’aréopage international de flics lancés à la poursuite du couple. On va finir par croire qu’après Salt, Angelina Jolie se spécialise dans les films où les plus fins limiers font beaucoup d’efforts pour lui simplifier la tâche en se comportant comme de parfaits ahuris. Tout ça fait donc un grand plouf dans un happy-end hyper prévisible, avec une apathie générale assez incompréhensible au vu de l’équipe au commande de ce projet.
En fait, dans cette histoire, il y a bien une grosse arnaque, mais les seules victimes sont les spectateurs d’un côté, et les pauvres naïfs qui ont financé une bouse de cette catégorie de l’autre. Et si le spectateur aura perdu quelques euros dans l’histoire, il est fort à parier au vu des premiers résultats que les financeurs vont y laisser un peu plus…
NB : crises de fous rires en cascade dans les rédactions cette semaine à l'annonce des 3 nominations du film aux golden globes…mais à y regarder de plus, près, elles sont obtenues dans la catégorie « comédie ou film musical ». Il suffisait de le dire…