Peut-être pas un chef-d'œuvre, diront certains, mais les cinéphiles objectifs n'auront pas manquer de voir dans ce premier Kick-Ass de véritables qualités artistiques, le style de son réalisateur, et une bonne dose de matière à réfléchir. Ces qualités artistiques sont facilement repérables. Pas seulement dans le foisonnement des plans astucieux, mais aussi dans les choix de la structure narrative : toujours au service du suspense. Ainsi, la suite d'une scène de guet appens fera l'objet d'une ellipse, pour nous induire en erreur, mais ensuite, elle nous sera montrée pour nous éclairer enfin. Et tout cela, très naturellement intégré dans l'intrigue. Pour ce qui est du style de Mathew Vaughn, il est résumé dans sa scène d'ouverture. Un mélange détonant, pour ne pas dire explosif, mais très pertinent d'extrême violence, et d'humour très décalé. Le décalage peut venir de commentaires désopilants, en voix off, ou bien d'accélérations d'images, ou encore d'une musique en rupture avec ce qui est montré à l'écran. Autant d'éléments visant à neutraliser l'effet choquant de la violence, ou l'effet mimétique qu'elle pourrait avoir sur de jeunes esprits, ou moins jeunes, mais fragiles. Le style de Vaughn se caractérise aussi par l'insertion d'éléments graphiques propres à la BD. Le côté très réussi du style de Matthew Vaughn se mesure aussi dans les excellents "Kingsman" mais surtout, l'exceptionnel "Layer Cake". Ce qui est nouveau, voire unique dans Kick-Ass, et n'est pas aussi prégnant dans ses autres films, c'est l'instillation par le réalisateur de piques constantes à l'encontre du politiquement correct du moment. Les éléments moteur de la pensée Woke, sur la race, sur le sexe, sont fracassés au marteau, mais de manière totalement jubilatoire. Ainsi, son héros va simuler une pseudo homosexualité pour séduire la fille de ses rêves. Car la créature de rêve, est elle-même influencée par la propagande LGBT ambiante voulant qu'un homo, c'est plus branché qu'un hétéro. Cet engrenage attire notre anti-héros dans des situations hyper embarrassantes pour lui, mais totalement hilarantes pour le public. Autre élément nouveau, chez Vaughn, dans "Kick-Ass", et moins dans ses autres films, c'est la multiplicité des réflexions philosophiques. L'une d'entre elles se résumant à cette question: Comment une société peut-elle être attirée à ce point par les super-héros, et tolérer, dans l'indifférence et l'inaction générales, que se développe au quotidien l'insécurité des personnes et leurs biens? Si le film de Mathew Vaughn répond à cette question par un gros rire goguenard, le paradoxe qui se dégage de la question n'en reste pas moins philosophiquement très sérieux, et fort inquiétant.