Je crois que je dois remercier Jarman, il m'avait déjà épaté avec Blue (film où on voit juste un écran bleu et où entend l'histoire de sa maladie), et là il réitère en quelque sorte (dans une moindre mesure) avec Wittgenstein. Si je me suis intéressé au film ce n'est pas que pour le réalisateur, mais c'est surtout parce que j'avais entendu parler de ce fameux Wittgenstein avec une citation de Sartre où il disait qu'il préférait lire de la série noire plutôt que ce philosophe autrichien. Qu'à cela ne tienne !
Il fallait que je sache qui il était, ce qu'il pensait... Je n'aime pas lire un livre sans savoir ce que pense l'auteur avant, déjà ça rend la lecture beaucoup plus facile et je pense que le film de Jarman a fait son oeuvre (et bien plus, ne résumons pas ce très beau film à ça), il a défloré la pensée de Wittgenstein pour moi, laissant ainsi la voie libre pour que je puisse commencer à le lire, ce que je vais m'empresser de faire.
Mais comme je le disais, le film n'est pas que ça, c'est une évocation brillante de la vie torturée d'un homme, entre son désir d'être un homme qui travaille de ses mains et son intelligence, sa renommée. La dualité est super intéressante, mais ce qui l'est encore plus, c'est la façon avec laquelle le film la montre, pas de décor, uniquement un fond noir sur lequel évoluent les acteurs, où tout n'est justement qu'évocation. J'aime beaucoup le fait qu'une bonne partie du film soit narrée par Wittgenstein petit, ça renforce l'étrangeté du film.
Et on a cette fin, cette phrase finale qui laisse à réfléchir, comme tout le film en fait. Bref Jarman réussi un tour de force, réussir à s'intéresser à la vie d'un philosophe, à son oeuvre, tout en faisant un film très personnel à la limite constante du cinéma expérimental... Bref c'est excellent.