La musique est bien plus forte que tout le reste : elle a beau être au coeur d'un parfait nanar, elle reste cette inconnue qui anime ébats, passions, tourments, qui fait se lever les jours et embaumer les nuits. Ici Schumann, l'homme, et sa femme, Clara. De la réalisatrice d' "Allemagne, mère blafarde", on attendait tant : un manifeste pour la femme, la preuve de l'inexistance des sexes dans l'art, la confrontation de deux figures mythiques de la musique romantique, l'un (Robert Schumann) sombrant dans la folie, par l'overdose de notes dans des nuits sans fins et face à la perte progressive de sa femme, aimée par l'autre (le jeune et fougueux Brahms), artiste complet en devenir. Mais Helma Sanders-Brahms (on note donc une descendance) oublie tout ; le fond social, les contraintes économiques, et va même jusqu'à embellir des personnages qui, en entiers génies qu'ils sont, n'en étaient pas moins peu fréquentables. Il ne faut pas oublier que Brahms, et même à travers l'amour qu'il portait à Clara Schumann, était le meilleur ami du vin et l'un des clients réguliers des bordels de l'époque. Quant à Schumann, le pauvre est enlaidi dans une folie grotesque, mimée par un Pascal Greggory catastrophique et mal doublé. L'échec exorbitant de ce film sans grand budget ne tient même pas sur son scénario plat et sa mise en images pauvre et saccadée, mais sur deux éléments qu'il était impensable de rater pour une femme issue de par son nom d'une grande génération d'artistes ; le casting (Malik Zidi est l'acteur le plus improbable que l'on pouvait trouver pour interpréter Brahms!, Martina Gedeck toute en poses et en regards endormis et Pascal Greggory gesticulant et criant son texte sous une masse capillaire digne d'un cheval fou), et l'utilisation de la musique. Il faut voir Clara interpréter lors d'un concert public le concerto pour piano de son mari tout en le regardant au balcon (chose insensée quand l'on sait la difficultée technique du morceau et la concentration qu'il requie