La réédition en salle de " Fantasma de amore" ( la traduction du titre français ne rend pas compte du second sens du terme fantasma - fantasme - ou erreur dans l'appréciation du réel) permet de voir ou de revoir un opus de la dernière partie de la carrière de Dino Risi (81)
Cet auteur majeur de l'âge d'or du cinéma italien ( il ne bénéficie toutefois pas de la place de premier plan accordée par la critique à d'autres cinéastes transalpins tels Visconti, Fellini, Antonioni, Bolognini, De Sica, Rossellini...) fait l'objet depuis quelques années d'un engouement auprès des éditeurs de films qui permet de revisiter son travail et lui donner la juste place qu'il mérite.
Cette légère condescendance à l'égard de sa filmographie ( certains de ses opus sont certes acclamés) tient peut-être, au registre de la comédie à l' italienne auquel on le rattache rapidement ( comme Monicelli ) qui dans l'esprit de la critique, mérite à priori un peu moins de considération.
C'est ( à mes yeux ) très injuste à l'égard de la carrière de Risi qui sut avec talent (et humour grinçant ) traiter des sujets on ne peut plus sérieux.
" Fantôme d'amour" revient sur des thèmes qui tenaient à coeur le metteur en scène et qu'il avait déjà traités ( "Âmes perdues" et " Dernier amour" ) : celui de l'amour passionnel, son rapport à la folie ( Risi étudia la psychiatrie), mais aussi les tourments particuliers de l'âge mûr.
Cette fois, c'est à travers un scénario qui verse -vaguement - dans le fantastique ( la fin du film peut aussi donner le sentiment que tout ce qui vient d'être montré, n'est que l'histoire contée par un malade qui souffre d'affection mentale) que Risi aborde le danger psychique qu'on peut trouver dans la passion amoureuse extrême.
Un expert comptable d'âge mûr marié à une femme catholique très pratiquante, s'ennuie dans son quotidien trop bien rangé.
Il rencontre par hasard une femme qui fût son grand amour de jeunesse et sans doute de sa vie. On lui apprend qu'elle est décédée depuis plusieurs années. Pourtant il l'a revoit.
Réflexion sur l'amour-passion,, sa part névrotique, les regrets, le quotidien vécu comme monotone et pâle, " fantôme d'amour" offre à Romy Schneider un de ses derniers rôles ( elle sera encore à l'affiche de deux longs métrages après celui-ci).
Mastroianni acteur de grand talent est formidable et produit une interprétation très émouvante.
Certaines scènes, particulièrement celles avec R.Schneider vieillie, sont bouleversantes et constituent les moments les plus forts du film.
"Fantôme d'amour" n'est pas sans faire penser à "Petter Ibbetson" de Henry Hathaway ou à " l'aventure de Mme Muir" de J.LMankiewicz dans cette histoire d'amour capable de transcender la mort ( ces deux dernières références sont malgré tout plus accomplies malgré les qualités de l'opus de Risi).
" Notre bonheur est impossible en ce monde, nous ne pouvons l'envisager que dans nos rêves", cette citation tirée de l'œuvre de Agustina Bessa Luis (auteur dont s'inspirera le cinéaste Manoel de Oliveira dans ses films où il traite des "amours contrariées" ) pourrait être mise en exergue à " fantôme d'amour".