“Warrior” n’a vraiment pas mérité son échec en salles, probablement causé par la sortie, moins d’un an plus tôt, de « The Fighter », dont le titre et le sujet sont très similaires. A savoir, un drame familial sur fond de success story de sport de combat. Pourtant, il serait dommage de passer à côté du film de Gavin O’Connor. D’abord parce que celui-ci se déroule dans l’univers du MMA, sport de combat dangereux, technique, et surtout très violent. Cela change (un peu) de la boxe, et met en exergue les différences entre deux frères brouillés, protagonistes du film. L’un est une véritable pelote de haine, tissée par un père alcoolique et violent, une mère qu’il a vu mourir dans la pauvreté, et une éducation sans vrai modèle. Incarné par un Tom Hardy animal à souhait, il canalise son énergie et son agressivité dans le MMA, se focalisant uniquement sur le combat, sans les artifices de spectacle qui l’entourent. L’autre est un père de famille aimant et protecteur, qui refuse de reproduire les erreurs de son père. Cependant, pour des raisons financières, il se voit contraint de délaisser ses activités de prof de sciences physiques (!) pour retourner à l’univers du MMA. Un rôle moyennement crédible sur le papier (voire carrément risible). Mais Gavin O’Connor parvient à sans mal à rendre ce personnage attachant et convaincant, d’une part en admettant explicitement son côté saugrenu. D’autre part en exploitant à merveille Joel Edgerton, qui convient très bien à ce père de famille posé et raisonné, qui utilise dans les cages son talent pour la technique et sa capacité à résister plutôt que la brutalité pure. Et qui évidemment, va voir son frère sur le chemin. L’affrontement sera-t-il paradoxalement l’occasion de rétablir les liens ? Entre les deux, leur seul point commun : cette figure paternelle dysfonctionnelle et décrépie, mue désormais uniquement par un regret impuissant, et détestée par ses deux fils. Nick Nolte est particulièrement touchant dans ce rôle qui apporte beaucoup de sel à ce drame familial réussi. Au-delà du volet dramatique, les séquences de combats prennent particulièrement aux tripes. Affrontements violents et réalistes, acteurs physiquement impliqués, utilisation (ou pas, selon l’effet voulu) des voix de commentateurs pour rajouter de la pression, montage fluide… Passée la première moitié qui met en place posément ses personnages, la deuxième est particulièrement généreuse à ce niveau ! Il y a aura bien sûr quelques références à la saga « Rocky », mais est-il possible de réaliser une success story sur les sports de combat sans penser à cette franchise ? Probablement pas, à l’image de l’une de ces références, carrément explicite et mentionnée par l’un des personnages ! « Warrior » est donc un drame joli et percutant, qui gagne à être vu.