White Night Wedding : les secrets du tournage

Le jeune réalisateur, formé avec le théâtre, a toujours hésité avant de répondre aux diverses propositions de cinéma faites à la suite de ses succès sur les planches. Cette adaptation de la pièce d'Anton Tchekhov, Ivanov, sur laquelle il avait déjà travaillé, s'est avérée être selon lui un choix judicieux : "J’ai commencé à penser à adapter Ivanov au cinéma il y a dix ans. La première fois que je l’ai lu, j’ai tout de suite pensé que l’Islande pourrait en fait être le cadre idéal pour situer un tel film. (...) ce qui me plaisait était de développer simultanément un scénario et une mise en scène de théâtre à partir d’une même histoire. Cela permet d’appréhender une histoire de différentes manières. Cela s’est révélé être une expérience formidable."

Féru de théâtre, Baltasar Kormakur connaît ses classiques et savait que ce projet d'adaptation cinématographique n'était pas sans risques. Pour autant, une fois sa version théâtre concrétisée, il s'est lancé dans le projet cinématographique, fasciné par la pièce de Tchekhov: "Il y a beaucoup de personnages intéressants dans la pièce. C’était merveilleux d’apprendre à les connaître, les étudier et les analyser. (...) Tchekhov intéresse universellement parce que ses pièces traitent de personnages auxquels la plupart des gens peut s’identifier, et l’époque ou la période dans laquelle ils évoluent est finalement sans grande importance." Il évoque néanmoins les risques potentiels de son entreprise :"L’un des défis les plus importants lorsqu’on adapte une histoire pour un scénario est d’éviter de rendre le protagoniste si odieux ou peu attirant qu’il en devienne insupportable. Cependant, le personnage doit garder ses failles. Le public doit le considérer sous un angle critique."

Ce film révèle une génération de "babas cools" islandais, dont le centre névralgique est basé sur une île à la réputation fameuse, celle qui occupe une place capitale dans le film. Baltasar Kormakur nous introduit dans cet univers étranger et fascinant : "Les baba cools islandais, qui maintenant sont cinquantenaires, se sont tournés plutôt vers le capitalisme. (...) La Mecque de ce groupe est Flatey, la petite île avec toutes ses vieilles maisons, qui peuvent seulement être entretenues par les riches. Le ferry fait la traversée une fois par jour, il n’y a ni téléphone, ni télévision, uniquement des oiseaux. La nature et c’est tout. (...)" Et lui aussi de confesser : " L’île de Flatey est bien sûr un endroit extrêmement beau, en particulier durant les nuits blanches l’été, quand le soleil de minuit embrasse un bref instant l’océan avant de se lever à nouveau pour une nouvelle journée."