Je garde un bon souvenir du Suspiria de Dario Argento. Je me rappelle avoir beaucoup apprécié la première partie, pleine de suspense et de mystère. Un peu moins la deuxième, lorsqu'on connaissait les tenants et aboutissants.
Dans ce remake, au delà du fait de déjà connaître les enjeux, du fait d'avoir vu l'original, tout est éventé dès la première scène.
On sait donc qu'il s'agit de sorcellerie, et qu'une jeune et en apparence innocente demoiselle se retrouve dans les crocs de vipères aux desseins assez obscurs.
On suit donc une laborieuse intrigue, qui tire inutilement en longueur, à grand renforts de poudre aux yeux, avec images fortes et sanglantes, mouvements de caméras pompeux, et de dialogues polyglottes confus.
Confus, prétentieux et gâchi seraient les mots justes pour définir correctement ce remake.
Luca Guadagnino semble avoir beaucoup d'idées et du talent, mais ne sait absolument pas s'en servir.
Il n'hésite pas à envoyer du lourd côté sanguinolant, sortant ainsi le spectateur de sa somnolence dans la dernière demi-heure (je déconseille une séance à 22h après une journée bien remplie en besogne). Il n'hésite pas à tenter des choses côté mise en scène, côté ambiance, mais ça fait vite pschitt.
Il veut s'approprier l'oeuvre et l'histoire mais se casse les dents sur ses propres ambitions.
Son Berlin Ouest est aussi affreux que Berlin Est. Tout est volontairement terne et "sale", ce qui dessert le film, au lieu de créer une ambiance oppressante.
Guadagnino pousse même le vice jusqu'à faire durer son film plus de 2h30, ce qui le rend assommant.
Et franchement je ne comprends pas ce choix de faire incarner à Tilda Swinton le vieux docteur...
Par contre, pour sa défense, je loue ce renoncement aux jump-scares, qui pourtant auraient pu être légion ici.
En résumé, Suspiria 2018 aurait pu être une oeuvre intéressante, mais qui finalement se noie dans la confusion des idées bordéliques et inabouties de son réalisateur.