Ce sont des images de tournage : une vieille femme, encore alerte, tient la main d'une amie et commente la scène qui vient d'être mise en boîte. Elle, c'est Marga Spiegel, 88 ans le 21 juin prochain, et l'amie, la fille des paysans qui l'ont cachée et lui ont sauvé la vie à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le film, qui s'achève ainsi, s'appelle simplement Marga et raconte son histoire, d'après le livre qu'elle a écrit en 1965. C'est la plus belle scène du film, la plus émouvante parce que la plus réelle. L'heure 40 qui précède est du cinéma, une reconstitution volontairement modeste qui ne parvient que trop peu souvent à saisir l'essentiel : la peur de Marga et des siens, dans cette ferme de Westphalie, l'héroïsme au quotidien de ces paysans qui risquent la mort. Pas ou peu d'intensité dans ce film sobre et linéaire qui, par peur du pathos, ne s'attarde jamais et enchaîne les saisons jusqu'à la délivrance. C'est ainsi que cela s'est passé, sans nul doute, mais le film, faute d'audace et de qualités artistiques, ne rend pas à Marga Spiegel et à ses sauveurs l'hommage qu'ils méritaient. Sur le thème de la résistance allemande intérieure à l'hydre nazie, Sophie Scholl était une oeuvre autrement plus forte et bouleversante