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Sylvain P
332 abonnés
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2,5
Publiée le 22 mai 2018
Trop long, ce délire tant attendu de Terry Gilliam vaut le coup d'oeil mais aurait sacrément mérité une meilleure maîtrise du temps. On y suit les tortueuses aventures d'un réalisateur dont le tournage de Don Quichotte est mal barré (tiens tiens) et qui rencontre un homme qu'il a rendu fou et qui se prend pour Don Quichotte. De mal en pis, les deux hommes vont de Charybde en Scylla avant une apothéose finale dont malheureusement on espère la fin tant le film fonctionne toujours sur le même ressort. On rit, mais on aurait autant ri en 1h30.
Le film maudit de Terry Gilliam voit enfin le jour après 28 ans de mésaventures. Et bien ma grande question : pourquoi a-t-il persisté? C'est vraiment la question que je me suis posé tout au long du film car j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire et le personnage de Don Quichotte n'est pas si intéressant qu'on pouvait l'espérer. La réalisation ressemble à tous les films de Terry Gilliam, il n'invente rien et continue de tourner avec des objectifs grand angle qui déforment, a faire tourner la caméra dans tous les sens au point de nous donner la nausée, ... Bref je me demande vraiment si ce film maudit n'aurait pas du le rester et si le fabuleux documentaire "Lost in la Mancha" aurait dû rester son involontaire héritier.
Après 25 années de galère marquées par un tournage catastrophique, des problèmes de production, des déboires judiciaires, des changements d'acteur et récemment un AVC, Terry Gilliam nous présente enfin le projet de sa vie pour mon plus grand bonheur. J'avais vraiment peur que le film soit moyen mais j'ai finalement pris un pied incroyable devant "L'homme qui tua Don Quichotte". Gilliam n'a rien perdu de son humour Monty Pythonesque qu'il dose parfaitement à travers des séquences totalement absurdes qui ont déclenché chez moi plus d'un fou rire. Il se dégage de ce long-métrage une énergie particulière qui le rend particulièrement jouissif et attachant. Gilliam s'en donne à cœur joie derrière la caméra en prenant un malin plaisir à maintenir le spectateur dans une zone de flou entre le réel et l'imaginaire. Le cinéaste américain assume pleinement le côté baroque et surréaliste de l'oeuvre en imprimant de manière indélébile sa patte sur l'ouvrage culte de Cervantès. Jonathan Pryce se montre à la hauteur dans le rôle titre, bien que l'ombre du regretté Jean Rochefort plane sur sa performance, mais c'est surtout le fabuleux Adam Driver que l'on retient tant sa prestation illumine le long-métrage. Le film n'est certes pas exempt de défauts, je trouve qu'il souffre de quelques longueurs et a tendance à être un peu trop fouillis, mais ces derniers comptent peu à côté de l'immense plaisir que m'a procuré le visionnage de ce film.
Je suis enfin sorti de la projection de ce film que j’attends depuis 20 ans car c’est mon réalisateur favori, que son imaginaire m’a toujours cueilli et que j’ai vécu comme beaucoup ses multiples mésaventures durant deux décennies ...18 ans d’obsession, un risque considérable d’être déçu car ce film je l’ai fantasmé...et je serai au « regret » de vous dire que je n’ai pas été déçu...et pourtant, on a beau adorer Gilliam, on n'en n'est pas pour autant moins exigeant, bien au contraire. Ses frères Grimm et son Zero Théorem m'avaient refroidis.
Pas assez ému peut-être, quelques longueurs au début mais une mise en place hyper originale et une difficile compréhension de cet accueil froid de certains critiques car le film a vécu une gestation des plus compliquées de l’histoire du cinéma et au final deux adjectifs s’imposent en sortant de la salle, « généreux » et « bordélique « !
Généreux parceque chaque scène se justifie et déborde d’énergie, d’inventivité faisant penser parfois à Tideland pour sa capacité à créer l’imaginaire à partir de bouts de ficelles et c’est un tour de force qui impose le respect. La presse qui a affublé le film de balourdise sur les migrants ou les attentats n’a rien compris au message qui est certes naïf mais qui correspond à l’esprit d’un roman comme Quichotte et sa réactualisation.
Le film est surprenant, avec si peu de moyens il arrive à montrer toute la folie du personnage, il est bourré d'idées et bordélique comme le roman et comme un film de Terry Gilliam. Et au final le style de Gilliam est là, tout du long et on a rarement eu l’occasion de côtoyer d’aussi près l’artiste, ayant limite l’impression d’être à ses côtés sur le tournage lorsqu’il a dû trouver des trésors d’ingéniosité pour palier à son budget serré. Et si la première partie peut sembler longue, elle a le mérite d’installer un regard moderne sur l’œuvre de Cervantès et de la rendre digeste là où tous les autres projets de cinéastes se sont ramassés sur Don Quichotte. Car adapter cette œuvre pourrait déboucher sur une succession de scènettes datées, inscrites dans l’inconscient collectif mais juste illustratives. Le fait que le film soit méta, qu’il parle de l’incroyable aventure de Gilliam sur 30 ans de galère donne du corps et de l’humain à des visions qui sinon n’auraient été que désincarnées.
Quand Terry Gilliam dit que l’approche de Cervantès rend fou et tourne à l’obsession et qu’au final c’était un passage obligé, c’est peut être vrai. « He did it » disaient des internautes sur Twitter lorsque à la fin de la projection en clôture du festival de Cannes, la salle a ovationné Gilliam durant 15 minutes. Son film est beau et a du panache y compris dans ses défauts et ses maladresses car il respire la persévérance et la capacité à se créer ces obstacles imaginaires, ces aventures de pacotille pour tenir un fil rouge, se fixer un cap et survivre même dans le ridicule. Cette scène de cheval de bois est magique pour ce qu’elle représente. De cette peur pour Gilliam de devenir un vieil homme risible aux ambitions éculées oui, mais aussi pour cette semi-conscience de la folie dans laquelle le personnage se met en scène lui-même. D’ailleurs la confession de l’avant dernière scène est bouleversant car il instaure un doute, une double lecture comme souvent dans les fins d’un très bon Terry Gilliam. La fin est non seulement émouvante mais résonne longtemps après comme un hymne au fil directeur de toute une vie de cinéaste. Forcer le réel et les plus viles bassesses de l’humain pour y insuffler un peu de poésie et d’échappatoire. C’est naïf mais c’est touchant et sincère.
Les acteurs sont excellents. Jonathan Pryce a eu raison de tanner Gilliam si longtemps, il est parfait dans un rôle loin d’être évident. Voir l'acteur de Brazil incarner ce personnage iconique dans la carrière de Terry Gilliam est un symbole en soit. Quant à Adam Driver, il trouve le premier rôle de sa carrière qui lui permet d’exprimer son talent. Gilliam a toujours été doué pour ses castings. Malgré les multiples duos qu’a connu le film depuis son premier échec de tournage en 2000, il réussit à trouver une alchimie entre eux.
Les références au projet lui même sont une super idée.
Le film est un hymne testamentaire et un encouragement aux jeunes cinéastes, à la persévérance et à la nécessité de s’affranchir du tout commercial. Terry Gilliam a conscience qu’il touche à la fin de sa carrière et le film est très mélancolique car on a du mal à trouver qui reprendra son flambeau parmi les cinéastes d’aujourd’hui. Quichotte est vivant et Terry Gilliam est vivant aussi, profitons en! Soyez joyeux qu’il puisse encore nous émouvoir et l’histoire n’est pas terminée.
La patte de Gilliam est là à chaque instant, d’une inventivité bluffante.
Ce n’est pas le chef d’œuvre qu’on aurait pu espérer mais c’est un très bon film et c’est déjà énorme en soit ! Énorme que chez des spectateurs exigeants l’ayant espéré durant 20 ans, il ne provoque pas de déception mais au contraire une envie de revoir le film. Une critique anglo saxonne disait que le monde serait bien triste sans cette folie dont seul Terry Gilliam a le secret...
Je suis non seulement heureux d’avoir accompagné par l’esprit durant 20 ans cette œuvre, heureux que ce funambule m’ait donné un fil directeur et des géants à combattre pour pimenter mes rêveries et mon quotidien. Heureux enfin que le film existe, qu’il puisse désormais vivre pour lui et non plus pour la légende de sa production...qu’il puisse vieillir comme un bon cru et acquérir les lettres de noblesses qu’il ne manquera pas de conquérir comme bien d’autres films de Terry Gilliam, pas toujours compris à leur sortie. « Aujourd’hui est une magnifique journée pour l’aventure »... pour la première fois depuis 20 ans elle se fera sans fantasmer « L’homme qui tua Don Quichotte » et ça fait une peu bizarre, j’avoue. Une page se tourne et l’émotion vient car le message du film est plus que présent mais d’autres moulins s’annoncent au loin et au final, c’est le principal...
De l’autre côté, perché avec le blanc lapin…dante7.unblog.fr
Véritable arlésienne de l'histoire du cinéma, l'adaptation de Don Quichotte par Terry Gilliam a longtemps été un rêve fou, un fantasme que l'on désespérait de découvrir, une blague récurrente entre cinéphiles tant les coups du sorts se sont acharnés sur Gilliam et sur le film. On a tous en tête l'excellent documentaire "Lost in la Mancha" revenant sur la première tentative de Gilliam de faire son film, le cinéaste voyant les mésaventures déferler de tous les côtés. Des années plus tard, c'est toujours avec autant de difficultés que Gilliam a réussi à monter "L'homme qui tua Don Quichotte". Les acteurs se sont succédés (Jean Rochefort, John Hurt, Robert Duvall, Michael Palin puis Jonathan Pryce, vieux complice du cinéaste), les démêlés juridiques ont été nombreux (la veille de la sortie officielle du film, on ne savait toujours pas s'il allait pouvoir être diffusés en salles) et Gilliam a même fait un AVC quelques jours avant d'aller présenter son film à Cannes ! Mais le film en lui-même, tant attendu et fantasmé, que vaut-il vraiment ? Et bien il renoue tout à fait avec la tradition du cinéma de Terry Gilliam, celle où l'on célèbre l'imaginaire et les grands enfants face au cynisme. L'histoire est finalement assez proche de "Fisher King" : c'est la rencontre entre un type cynique et un clochard céleste fantasmant sa vie. En l'occurrence c'est Toby, réalisateur prodige de publicités armé de cynisme et d'auto-satisfaction qui, en tournage en Espagne, se rend compte qu'il n'est pas loin du petit village où il a réalisé son premier court-métrage, contant l'histoire de Don Quichotte. Sur place, il se rend compte que Javier, le cordonnier qu'il avait engagé pour jouer le rôle principal n'est jamais sorti de son personnage et qu'il se prend toujours pour Don Quichotte ! Celui-ci ne tarde pas à voir en Toby son fidèle Sancho Panza et les deux s'embarquent dans une folle aventure où le réel et l'imaginaire se mélangent... Avec "L'homme qui tua Don Quichotte", Terry Gilliamse retrouve donc en terrain connu et laisse libre cours à son inénarrable sens de la poésie et de l'imaginaire baroque, transformant le moindre détail de son film en une petite merveille. On sent le cinéaste à l'aise, maîtrisant son sujet comme personne : cela se ressent en permanence à travers sa mise en scène énergique aux nombreuses contre-plongées et aux décors particulièrement splendides. Il faut dire que Don Quichotte, c'est aussi Terry Gilliam : un vieux fou qui préfère son imaginaire à la cupidité et au cynisme du monde réel. Ce portrait affectueux, particulièrement réussi grâce à la malice de Jonathan Pryce, se retrouve dans un film un poil long et parfois bancal mais toujours généreux. En cynique propulsé dans une aventure qui le dépasse, Adam Driver se montre une fois de plus excellent, parfois proche d'une prestation burlesque confirmant sa grande capacité à se fondre dans ses rôles. Aboutissement d'un travail de longue haleine, "L'homme qui tua Don Quichotte" s'offre à nous avec sa magie intacte, prouvant que le génie de Terry Gilliam, quoique parfois essoufflé, a encore de belles choses à offrir.
Toby (Adam Driver) est devenu un célèbre réalisateur américain. De retour en Espagne sur un tournage, il part à la recherche du cordonnier (Jonathan Pryce) qu'il avait embauché pour son premier film, une adaptation en noir et blanc de Cervantès. Mais le vieil homme a depuis sombré dans la folie. Il se prend pour Don Quichotte et prend Toby pour son fidèle écuyer, Sancho Panza
Il y a beaucoup de raisons de s'enthousiasmer pour le dernier film de Terry Gilliam. La première est bien sûr les conditions de sa réalisation et de sa sortie - que nous rappelle d'ailleurs un carton avant le générique. Le film a mis plus de vingt ans à se faire. "Lost in la Mancha", un making of sorti en 2002, racontait les déboires subis par Terry Gilliam pour en tourner une première version avec Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis. Quinze ans plus tard, c'est un bras de fer juridique avec un ayant-droit, le portugais Paulo Branco et sa société Alfama Films, qui faillit une fois encore compromettre la sortie du film.
La seconde, et non la moins moindre, est la richesse du scénario qui, sous prétexte de nous narrer les aventures de Don Quichotte, s'essaie au portrait de l'artiste en - vieil - homme. Jonathan Pryce qui interprétait déjà il y a plus de trente ans le premier rôle de "Brazil", est le double autobiographique de l'ancien Monthy Python. Le personnage, comme le réalisateur, vit un rêve dangereux : fuir une vie décevante et se réfugier dans la fiction. Il entraîne à sa suite ce jeune réalisateur américain surdoué campé par Adam Driver - dans la peau duquel on imagine fort bien le charme et l'ironie de Johnny Depp - qui constitue un second double autobiographique de Terry Gilliam. D'un côté donc un jeune réalisateur qui court à sa perte à force de poursuivre des chimères ; de l'autre un vieil homme philosophe qui a définitivement lâché les amarres.
Mais toutes ces - bonnes - raisons - ne suffisent pas à faire de "L'Homme qui..." un bon film. Pour faire un bon film, il faut... un bon film. Et cette adaptation dynamitée de Cervantès n'en est pas un, aussi grande que fut notre attente et aussi intense notre désir d'accompagner Terry Gilliam dans ses délires. La faute à un effarant manque de rythme. "L'Homme qui tua Don Quichotte" est une Rolls Royce avec un moteur de 2CV. Sa première demie heure, censée introduire les personnages et lancer l'action, ressemble à un mauvais film d'action : pourquoi diable avoir fait monter Toby sur une moto et l'avoir lancé dans une course poursuite aussi poussive que convenue ? Le reste est à l'avenant, pendant plus de deux heures interminables où les personnages n'évoluent pas d'un iota, jusqu'à une longue scène finale, un bal masqué qu'on espérait féérique et dont la seule utilité semble-t-il est d'éclairer le sens du titre.
Complètement barré !!! attention à bien suivre ce film, ne pas aller au toilette ou faire autre chose car il faut suivre entre les hallucinations, les flashback et les dialogues ... Un Don Quichotte très moderne, A voir !
Ma critique : L'impression est mitigée. Le scénario est absolument génial car, sous couvert d'un réalisateur cherchant à faire un film sur les aventures de Don Quichotte, c'est lui, Sancho Panza de circonstances, qui perd peu à peu le sens de la réalité et se transforme en Don Quichotte. Le problème du film tient à sa réalisation car, pour que le spectateur puisse traverser cette mise-en-abîme plus fine qu'une corde de funambule, Terry Gilliam tient son histoire par des fils trop visibles : heureux hasards, cris et mauvaises chutes donnent l'impression d'une farce jouée par des personnages à gros sabots. C'est dommage car cela reste un très bel hommage à l'oeuvre de Cervantes.
De nos jours en Espagne, Toby participe à la réalisation de publicités, sous l’égide de son patron. Celui-ci, marié à une femme volage est sur le point de signer un gros contrat avec un russe fortuné.
Au milieu du tournage, Toby retrouve le village où dix ans auparavant il avait tourné un film de fin d’études avec des acteurs issus du cru « l’homme qui tua Don Quichotte ».
Il réalise que son intervention d’alors a perturbé de façon durable la vie de plusieurs habitants du village. L’acteur qui jouait Don Quichotte est persuadé d’être réellement le chevalier médiéval. Les circonstances entraînent Toby et « Don Quichotte » dans une cavale qui devient progressivement de plus en plus fantasque et proche du roman de Cervantès.
Terry Gilliam nous entraîne dans un véritable voyage cinématographique onirique, aux frontières du rêve et de ses mécanismes, dans des décors picaresques et baroques.
Je ne me suis pas ennuyée, mais laissée transportée dans les méandres de l’imagination du réalisateur, souvent cocasses, aussi tragiques. Sans portant comprendre les enjeux réels du film, hormis son grain de folie.
Ce est un pur Terry Gilliam et le meilleur de lui: Une continuation de realite presente, d'imagination, d'illusion et de reves. Le 30 ans ou preque de tournage, de faire et defaire et certains evennements sociaux de cette periode, les frustrations du realisateur, surtout pour le financement du film sont tous refletes dans l'histoire. Et dans tout ce melange on trouve, d'une maniere ou d'autre le Don Quichotte de Miguel de Cervantes Saavedra ! Je suis sure que si ce film a ete realise avec le scenario et les acteurs designes au debut du projet , au lieu d'Adam Driver, qui est absolument excellant dans son role, il ne devenait jamai si riche et unique. Des fois ca vale d'attendre 30 ans !
Du grand, très grand , cinema suréaliste. Tout y est , la folie, la démesure, l'intrigue, les acteurs au fond de leur rôle... C'est tellement évident que c'est un chef d'oeuvre que je ne trouve pas l'envie de donner des arguments... Allez y !!!
L’Homme Qui Tua Don Quichotte jongle entre rêves et réalité et nous offre un film envoûtant, drôle et parfois même touchant. Adam Driver fournit une prestation digne de son talent et T. Gilliam fait de cette œuvre une œuvre très personnelle, tant on le reconnaît à travers l’écriture des deux personnages principaux. Maintenant le film est imparfait dans beaucoup trop de ses aspects, souffrant d’incohérences, de problèmes d’écritures et de scènes parfois très mal amenées. Trop de longueurs et trop de scènes brouillonnes gâchent le plaisir de découvrir l’histoire de ce film qui, malgré tout, tiendra en haleine son spectateur jusqu’à la dernière minute.
Il est enfin là, sur l'écran, le fameux film maudit de Terry Gilliam et qu'importe s'il laisse plus que dubitatif, l'important est ailleurs dans les multiples péripéties de la vie d'une oeuvre sans cesse menacée de ne jamais pouvoir aboutir. L'homme qui tua Don Quichotte est un film foisonnant et épicé qui prend le prétexte du roman de Cervantes pour élargir son propos aux affres de la création. Il y a du spectacle avec ce Don qui ergote. Et du sang chaud et des idées folles. Des fulgurances qui émerveillent parfois mais aucune continuité dans une narration bancale où Gilliam convoque aussi bien l'Espagne du grand siècle que les exactions d'un oligarque russe caricatural et que le portrait d'un génie de la mise en scène dépassé par les événements et en plein doute créatif. L'homme qui tua Don Quichotte a des allures de fête foraine où l'on passe d'une attraction à une autre, au gré de digressions plus ou moins oniriques, fantaisistes ou sentimentales. Le plus ennuyeux est qu'on ne trouve pas beaucoup de poésie dans ce fatras débridé et hélas encore moins d'humour. Jonathan Pryce et Adam Driver livrent des performances très physiques mais leur jeu est limité par l'emphase et les boursouflures du récit. On souhaite à Terry Gilliam de tourner bien d'autres films, malgré l'âge qui avance, mais ce film ressemble à une sorte de testament, bourré d'énergie et de vitalité, sans doute, mais tellement éparpillés dans le vent que les moulins de son imagination semblent tourner à une allure effrénée sans moudre quoi que ce soit de substantiel.