Avis sur Voyage sans retour

Malgré un script assez conventionnel ainsi que la prestation en demi-teinte d’une Faith Domergue pas toujours très inspirée dans le rôle de la femme fatale, j’ai suivi sans réel ennui ce film noir américain en grande partie grâce à la qualité de la mise en scène de John Farrow et surtout par rapport à la très grande performance du grand Robert Mitchum. Ce dernier impose tout son talent et son charisme dans le rôle d’un docteur tombant rapidement amoureux d’une patiente qui se trouvera être une vraie psychopathe. On notera également les sympathiques seconds rôles de Claude Rains et de Maureen O’Sullivan (femme du réalisateur à l’époque) et aussi une photographie en noir et blanc d’une certaine beauté.

Encore un bon film noir de John Farrow où Robert Mitchum n'a pas de remède contre la femme fatale! Le sujet idèal pour un studio dèsireux de produire un nouveau film de la RKO pour l'une de ses plus grandes stars sur le point de devenir une lègende dans les annèes à venir! Mitchum y joue remarquablement un mèdecin tombant amoureux d'une malade mentale incarnèe à la perfection par Faith Domergue, une sous-Jane Russell qui compte à son actif plusieurs classiques du cinoche amèricain! Mais cette idylle n'est pas sans danger où mieux vaut ne pas tenter de dissèquer la trame de plus en plus noire de "Where Danger Lives" pour mieux apprècier les performances de Robert Mitchum (qui peine à retrouver ses esprits pendant tout le mètrage) et Faith Domergue (l'une des femmes fatales les plus animèes du film noir). Sans oublier les mots douloureux de cette dernière dans le final: "Personne n'a le droit de me prendre en pitiè". On peut dire que la dècennie dèmarre en trombe avec la sortie de "Where Danger Lives", suivi des "Gun Crazy", "The Asphalt Jungle" et compagnie...

Au fond rien de vraiment exceptionnel dans ce "Voyage sans retour", n'atteignant jamais le niveau des grands classiques notamment de par son intrigue particulièrement classique et avouons-le sans grande surprise. Pourtant, l'oeuvre n'en garde pas moins une réelle efficacité encore aujourd'hui, que ce soit par la réalisation sans fioriture et appliquée du talentueux John Farrow qu'une dynamique toujours intéressante qu'est celle de la déchéance d'un homme par une femme fatale. A ce titre le personnage de Faith Domergue s'avère être une belle réussite, l'actrice apparaissant qui plus est convaincante dans le rôle, à défaut toutefois d'avoir la petite étincelle que pouvaient avoir Hedy Lamarr ou Rita Hayworth, face à un Robert Mitchum plus nonchalant que jamais (et pour cause...) Rien de révolutionnaire ni de vraiment marquant donc, mais un film noir de bonne facture, carré et bien mené : voila bien l'essentiel.

Le thème de la femme fatale qui cache une maladie mentale est assez récurrent dans le film noir. On pense à Gene Tierney dans «Péché mortel » de John Stahl (1945) ou à Jean Simmons dans « Un si doux visage » d’Otto Preminger (1953) ou encore à Marylin Monroe dans « Troublez moi ce soir » de Roy Ward Baker (1952). Le problème de John Farrow sur cette production RKO est de devoir se coltiner la très fade Faith Domergue qui à l’époque est la nouvelle égérie d’Howard Hughes que l’on a connu plus avisé dans ses choix de conquêtes féminines. Le tout s’embarque mal avec cette mante religieuse de pacotille dont le regard bovin finit par rendre complètement marteau au sens propre comme au sens figuré le pauvre Robert Mitchum qui collabore pour la première fois avec John Farrow. L’entame du scénario pose d’emblée un problème de crédibilité au film qui ne s’en remettra jamais. Comment un toubib bien dans ses baskets peut-il en deux temps et trois mouvements se retrouver en fuite vers le Mexique avec une inconnue venue se faire soigner pour une tentative de suicide ? Franchement avec la meilleure volonté du monde on a du mal à croire que le solide Mitchum puisse se laisser berner ainsi. Le scénariste Charles Bennett , a bien prévu que le coup reçu sur la tête par Bob lui fasse perdre en grande partie ses capacités de discernement, mais même cet artifice un peu grossier ne sauve pas l’affaire, pire il amoindrit le jeu de Mitchum qui perd sa célèbre nonchalance. Charles Bennett ayant travaillé avec Hitchcock à son arrivée à Hollywood, c’était pourtant un gage de réussite. Mais l’on sait aujourd’hui qu’il était dur de résister à Howard Hughes quand il entendait mettre en valeur une de ses nouvelles lubies. Reste un noir et blanc de qualité qui patine juste assez le film pour nous faire accepter tous ses errements.

Un film noir qui a le mérite peu enviable de cumuler à une vitesse impressionnante tous les poncifs du genre et l'intrigue quand à elle est d'une prévisibilité incroyable. Il y a juste la fin qui se distingue du reste, fin que l'on peut regretter car John Farrow ne va pas jusqu'au bout de sa logique. Mais heureusement le réalisateur montre une fois de plus qu'il est un bon artisan sachant imposer un rythme impeccable à son histoire et une certaine élégance à sa mise en scène. De plus, le charisme de Robert Mitchum fait que le spectateur n'a aucun mal à s'identifier à lui mais sa partenaire, Faith Domergue, si elle est plutôt convaincante en femme psychotique, n'a franchement pas l'envergure d'une star. A noter aussi la présence de Claude Rains dans un trop petit rôle. Un bon petit film dans l'ensemble.

Un petit film noir qui démarre assez bien par contre le scénario n'est pas assez travaillé. Du coup l'intrigue s'avère plus ou moins boiteuse tout le long film ce qui ne favorise pas le jeu des acteurs. C'est dommage car la réalisation classique reste assez efficace. Pour l'anecdote on remarque un visage très changeant de Faith Domergue suivant les angles de vue.

Un bon film noir américain des années 50, comme on peut les aimer; un rôle taillé sur mesure pour R. Mitchum, excellent, et un scénario parfaitement crédible avec suspense et rebondissements. spoiler: et tout est bien qui finit bien.

Un bon film noir à l'ancienne, même si Farrow n'est pas Hawks ou Ford. Mitchum, toujours génial... et merci à TCM pour cette intégrale de Mitchum. Que de perles rares découvertes à cette occasion.