Mikey est un film tout à fait intéressant et très solide, qui aborde en plus la thématique assez rare des enfants tueurs.
L’interprétation repose beaucoup sur les épaules de Brian Bonsall lequel livre une prestation très convaincante. Jeune pourtant, il est très juste d’abord, et rend avec efficacité le caractère machiavélique de son personnage sous des dehors lisses et angéliques. Il est clair qu’avec une interprétation plus faible, le film en aurait largement pâti. A ses cotés, la charmante Josie Bissett, qui elle aussi livre une partition très correcte, ce qui n’est pas pour rien d’ailleurs sur le rendu très fin de la relation qui s’établi entre elle et Bonsall. Pour le reste les acteurs sont assez secondaires, et même si dans l’ensemble ils ne s’en sortent pas trop mal (la prof en particulier), ils ont moins de choses à faire.
Le scénario lui est très bien trouvé. Il aborde un sujet original, et le fait avec une redoutable efficacité. Cruel, sans pitié, difficile avec le spectateur tant on aimerait entrer dans l’écran pour mettre trois paires de baffes à ce sale gosse, il est par ailleurs fort bien construit. Rythmé, doté d’une gradation parfaite, amenant fort bien sa fin, je regrette simplement quelques facilités scénaristiques. Je pense par exemple à la séquence où Mikey agresse quelqu’un avec un marteau. La victime aurait très bien pu le matraquer un bon coup, mais non, elle se laisse avoir. Je trouve un peu dommage en somme que les victimes ne cherchent jamais à se défendre lorsqu’elles en ont l’occasion. Pour le reste, c’est bon.
Sur la forme enfin, il n’y a pas grand-chose à redire. La mise en scène est soignée, elle fait un excellent travail, et on sent vraiment qu’il y a une recherche esthétique. La photographie n’est pas du tout déplaisante, même si elle est classique, et correspond parfaitement à celle d’un métrage du début des années 90. Les décors sont simples, limitées à une maison, une école, et quelques lieux en extérieur. J’ignore si le budget était élevé (j’en doute), néanmoins le résultat est très convenable, car en dépit de sa sobriété, on ne ressent jamais un vide, un trou. A noter que Mikey n’est pas un film d’horreur, même s’il est souvent classé dans cette catégorie. Il ne présente aucun effet sanglant, et sa violence graphique est très limitée. En revanche, le film pourra déranger par les thématiques qu’il aborde, avec un enfant tueur, liquidant ses parents (même les adoptifs) avec une rare perversité et souhaitant tisser une relation amoureuse (et sexuelle à l’évidence) avec une jeune femme. Musicalement c’est très classique avec une musique au synthé courante et basique, et dans le film lui-même la présence musicale est très restreinte.
En somme Mikey est une belle réussite. Développant une histoire très efficace, prenante et surprenante, il s’appuie sur une interprétation sans faille du jeune acteur principal, et sur une mise en scène très convaincante. Très simple pourtant, le résultat est vraiment bon et je conseille ce film sans problème. A voir.