Avis sur A perfect day

1995, la guerre tue encore en ex-Yougoslavie. L’Onu tente d’imposer un semblant de cessez-le-feu dans cette région des Balkans. Dans son sillage, une équipe d’humanitaires, type MSF, gère au quotidien les problèmes des civils. Quatre expats, deux hommes aguerris, deux jolies femmes et un interprète, sont chargés d’une curieuse mission : trouver une corde pour remonter un cadavre balancé dans un puits pour que la putréfaction prive les villageois d’eau potable ! Le film est suspendu à cette corde…
Sur les pistes poussiéreuses de montagne, on suit Mambru, responsable sécurité un brin désabusé ; B. baroudeur détaché et décalé ; Sophie totalement investie dans l’assainissement et Katya belle à semer le trouble… Points chauds et halte nocturne sont l’occasion pour chacun de s’interroger sur l’inanité d’un conflit étranger aux réalités du terrain, ainsi que sur les limites de l’engagement militant. Chaque étape est d’ailleurs ponctuée par une musique punk-rock qui rythme la mise en scène de façon un peu trop systématique.
Oscillant entre gravité et absurdité, l’atmosphère du film est tantôt lourde, tantôt pleine d’humour. Et elle transforme ce road-movie des Balkans en réflexion amère et grinçante. D’ici là à parler de « comédie hilarante », il y a un pas. « Il s’agit d’un drame à l’intérieur d’une comédie », concède le réalisateur espagnol. Le casting est superbe : Benicio Del Toro et Tim Robins épatants dans leur épaisseur et leur nonchalance et Mélanie Thierry pas mal en oie blanche. Fernando Leon de Aranoa sa sauve avec maestria de la corde au cou.