Le réalisateur Haile Gerima s'explique : "Le personnage d’Anberber n’est pas autobiographique. C’est une mosaïque de plusieurs personnes. Il est le personnage dans lequel j’ai transposé tous les personnages que je voulais voir en un seul. D’où son intégrité et les principes auxquels il tient. Porteur de tout cela, il ne peut que vomir lorsqu’on l’oblige à se rétracter dans le film. Ma résistance est de cet ordre. Je voudrais que les jeunes gens sachent que j’ai tenu bon, quand j’avais tort et quand j’avais raison. Je pense que les Africains ne devraient jamais se compromettre au sujet de leur Histoire ou leur humanité parce que sinon ils n’ont plus rien. Ma vie n’est pas une quête d’harmonie, mais un combat constant. Cette idée de combat est normale et nous devrions l’aborder avec plaisir."
Le réalisateur Haile Gerima a contribué à fonder la "Los Angeles School of Black Filmakers" (École des cinéastes noirs de Los Angeles). Inspiré par le cinéma cubain, brésilien, africain, mais aussi par le néo-réalisme italien ou la Nouvelle Vague française, le groupe de jeunes cinéastes signe des films qui s’affranchissent des normes hollywoodiennes.
Haile Gerima raconte sa démarche en tant qu'artiste : "Traiter de thèmes comme l’identité, l’émancipation, la mémoire, fondent ma vision de ce que le cinéma indépendant devrait être. Raconter une histoire à partir de destins individuels, c’est donner à chacun une place dans l’Histoire. Procéder ainsi, tout en honorant les combats menés par nos ancêtres, est essentiel pour s’assurer que les générations futures pourront créer leurs propres modèles en toute connaissance de cause. L’histoire, la culture et la qualité de vie de tous les peuples venus d’Afrique me préoccupent énormément, mais par dessus tout, c’est le respect de leur humanité qui me motive en tant que cinéaste. "
Militant de gauche, chrétien catholique revendiqué, Haile Gerima ne cesse de dénoncer le néo-colonialisme et attribue à son cinéma un rôle « révolutionnaire et didactique ». Il milite notamment pour la diversité des cultures et voit dans la puissance de la culture occidentale une absurdité à laquelle participent les peuples « opprimés».
Même si l'essentiel du film traite de l'Éthiopie, le film a également été tourné à Cologne en Allemagne.
Depuis son premier court-métrage de 10 minutes (Hour glass) jusqu'à ce dernier long-métrage, Haile Gerima a toujours traité de sujets concernant son peuple (il est éthiopien) ou, du moins, son continent: "on aura rarement éprouvé autant ce sentiment d'urgence, cette volonté cathartique, à raconter l'Histoire", selon lui.
Teza a reçu le prix du meilleur scénario et le prix spécial du jury à la 65e Mostra de Venise, mais également le Grand Prix du Festival international du film d'Amiens, ainsi que cinq grands prix aux JCC 2008 en Tunisie. En 2009, le film remporte également l'Etalon d’or de Yennenga (Grand Prix) du FESPACO à Ouagadougou.