On l'attendait depuis son prix à Venise, en Septembre 2008. Teza, de Haile Gerima, dont la dernière oeuvre de fiction, Sankofa, date de 1995, est un film qui sera peu vu (faute d'une distribution correcte) mais qui étonnera ceux qui auront le bonheur de s'y plonger. A travers un destin individuel, Gerima raconte l'histoire de l'Ethiopie de 1970 à 1990, de la chute du Négus aux années de la dictature de Mengistu marquées par la guerre civile. Film politique, certes, mais aussi récit de la vie des membres de la jeune intelligentsia du pays, formée en Allemagne, et qui reviendra au pays nourrie d'idéologie et de naïves illusions. La première heure de Teza, tout en flashbacks et en symbolisme appuyé (trop parfois), est déroutante. Les 80 minutes qui suivent, limpides comme les eaux du grand lac Tana, sont passionnantes, entre onirisme et réalisme, quand les formes de la fiction et du documentaire se rejoignent. Un vrai grand film, comme une tragédie moderne et violente, avec des défauts techniques et des lacunes dans l'interprétation, qui n'altèrent pas la beauté de cette fresque humaniste.