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Rik13
22 abonnés
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3,0
Publiée le 18 décembre 2011
Un sujet intéressant, les préparatifs par les soviétiques de l'envoi du premier homme dans l'espace en 1961, mais un traitement bien trop austère et froid comme les steppes enneigées et grisâtres du Kazakhstan où se déroule le récit. Le film aborde divers thèmes comme la fin du stalinisme, les doutes de l'engagement politique de l'Union Soviétique ou la volonté de faire face à l'impérialisme américain dans un verbiage parfois stérile qui devient rébarbatif sur la longueur. Dommage car Youri Gagarine méritait mieux que ce long métrage clinique qui nous laisse sur notre faim.
Je ne dirais pas que ce film est indigeste ; juste à l’image d’une URSS froide, aimable comme une porte de prison, triste et inhospitalière. Je suis resté à distance des personnages tout en restant intrigué par leurs bavardages incessants. De toute façon, je préférais être éloigné d’eux et me disais que le metteur en scène me voulait légèrement retiré, assis sur une caisse en bois, les pieds dans la boue. Personnages qui défilent à l’avant-plan comme à l’arrière-plan, je me demandais même si l’arrière-plan n’était pas plus intéressant ! Dialogues qui s’entrelacent au milieu d’un fond sonore. L’Histoire de la conquête spatiale racontée, il faut le dire, d’une façon assez étrange voire originale. Une URSS où des jeunes savants de trente ans espéraient basculer leur patrie vers des jours meilleurs, être les artisans d’une nouvelle nation soviétique en investissant toutes leurs illusions grâce à la conquête spatiale. Ils pensaient que plus rien ne serait comme avant. Ce « Etoffe des Héros » made in soviétique ou russe ne sera pas une illusion, ils parviendront à envoyer un homme dans l’espace. Seulement, l’illusion résidera et « l’avant » continuera sa route. Voilà une nation qui a été la première à envoyer un homme dans l’espace et qui n’a pas su imposer sa puissance par la faute de son immobilisme et par la lourdeur de sa politique infecte. Ce « Etoffe des héros » du pauvre nous décrit en arrière-plan que ces soldats de papier ont eu un mérite et un courage incommensurables de gagner l’espace avec des moyens techniques et financiers misérables et aux structures affligeantes. Oui, « Le soldat de papier » est un film curieux voire courageux.
En 1961, l'URSS tente d'envoyer le premier être humain dans l'espace. Sous influence tchaïkovskienne et tarkovskienne, Soldat de papier est une sorte d'ovni cinématographique, une expérience indispensable et incroyable. Prenant comme sujet un des faits historiques les plus importants du XXe siècle, Aleksei German Jr. propose une sorte de réflexion métaphorique sur la chute de l'URSS, et livre une des oeuvres les plus métaphysiques de ces dernières années. Soldat de papier est un film funambule ; jouant sans cesse sur le contraste entre espoir et désespoir, et le résultat s'en avère déchirant. Un choc absolu dont on ne ressort pas indemne, d'ailleurs, si tout va bien, dans deux ou trois films Aleksei German Jr. sera considérer comme le plus grand metteur en scène actuel.
Je sors de la séance dans la belle salle du St Germain des Prés: on devait être dix pour les 252 fauteuils, bravo au cinéma qui soutient un film qui en déroute pas mal d'après ce que je vois des critiques déjà écrites... Comme d'habitude, avec un tel style, soit on adore, soit on déteste. L'amie avec qui j'étais n'a pas aimé et de mon côté, j'ai été heureux comme rarement depuis longtemps. Si vous nagez dans le bonheur, trouvez la vie parfaite, et êtes satisfait de vous, n'allez pas voir ce film! Il touchera plus ceux qui sont atteints de ce sentiment qu'il y a tant de chaos autour de nous, d'absurdité, que nous-mêmes pouvons avoir un comportement aberrant. Le film m'a franchement rassuré! A ceux qui reprochent au film son allure où les personnages ne s'entendent pas systématiquement, et alors? La vie n'est-elle pas riche en situations où tout semble se superposer et s'ignorer? Le réalisateur connaît son Tarkovski, il a comme lui, une manière magistrale d'utiliser l'arrière et l'avant-plan. C'est très riche, mis au service d'un sens du loufoque et de la fantaisie qui passera à mille lieues de ceux qui ont peut être la chance de ne pas en avoir besoin. Personnellement, j'ai eu l'impression de respirer, comme si le film parlait directement au désespoir que l'on a dans le coeur! Il pose parmi d'autres la question fondamentale du "grand rêve", celui du grand changement et qui est toujours suivi du même...
On comprend assez bien l'intention du réalisateur : faire une chronique de l'URSS post-stalinienne dans laquelle la conquête spatiale est le seul objectif d'une génération obsédée par sa médiocrité. On suit donc (lentement) le parcours d'un médecin affecté au cosmodrome et plutôt dépressif qui cherche à exister entre Moscou et le Kazakhstan, entre sa femme et sa maitresse, entre son histoire personnelle et l'Histoire. Le projet est intéressant mais le réalisateur s'enlise dans une mise en scène trop maniérée, trop théâtrale, brillante mais artificielle. Certains plans sur les steppes kazakhes sont sublimes mais compensent rarement l'ennui abyssal que l'on éprouve devant ce film. Dans les scènes de dialogue, on a le sentiment que les personnages ne se répondent pas, qu'ils suivent chacun leur pensée sans se soucier de ce que dit l'autre. Si l'on est, au début, simplement déboussolé par la cacophonie intellectuelle qui en résulte, cela devient, à mesure que le film avance, extrêmement crispant... Quant à la conquête de l'espace, elle se résume à quelques cosmonautes qui courent et des fusées qui décollent en arrière-plan. Un conseil si le sujet vous intéresse : revoyez "L'Etoffe des Héros".
De quoi ? Soldat de papier serait un film "tchékhovien" ? Oui, pourquoi pas, comme la majorité des films russes, non ? A moins qu'ils ne soient "kafkaïens" ou "orwelliens", c'est tellement facile de coller des étiquettes, façon de ne pas creuser outre mesure. A dire vrai, Soldat de papier est avant tout d'un ennui colossal, triste comme une base spatiale dans les steppes kazakhes. Baïkonour, mon amour, pense t-on en regardant ce film lymphatique, aux embardées ponctuelles (mentalité slave oblige), et dont on suit avec peine le mélange de romanesque -un homme entre deux femmes-, de scientifique, et d'historique. Les petites histoires au sein de la Grande, soit la conquête spatiale soviétique, on ne demandait pas mieux que de s'y intéresser. Comme le réalisateur Alexei German Jr se soucie assez peu de son public, eh bien, le spectateur vexé peut se permettre de ne pas aller au bout de cette purge. Tchékhovienne, ou pas !