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L'homme sans nom
158 abonnés
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3,5
Publiée le 28 novembre 2023
Production brésilienne, La terre des hommes rouges est un film quasi documentaire puisque sur une situation bien réelle et toujours très actuelle 15 ans après sa sortie. Avec un propos engagé du côté des autochtones, on compatir pleinement. La réalisation est sobre mais offre de nombreux plans très réussis. Le problème reste le scénario : le documentaire prend bien souvent le pas sur la fiction, ce qui est dommageable au film (le film étant une fiction par essence). Mais je conseille quand même vivement.
Au coeur de la forêt Amazonienne brésélienne: la vie des dernières tribus Guarani est en péril, la cohabitation avec l'homme blanc les condamne. Dans la tribu Guarani au coeur de cette fiction, les suicides, reflets du mal être de l'enfermement dans des réserves, se multiplient. Le chef de tribu décide de récupérer les terres spoliés par les agriculteurs blancs. Ils s'intallent sur des terres où les grandes prairies ont remplacés les forêts primaires. Deux mondes s'observent, se jaugent, jusqu'au moment où les blancs sont prêts à user de toutes les ruses voir même de la violence pour ce débarasser de ces gênants sauvages. Au coeur d'une problématique écologique de notre temps, ce film a une portée politique mais avec un vernis poètique. Le message est clair et multiple: nous alerter sur les désastres écologiques, culturels, humains de notre modèle de dévoleppement occidental. Le rouleau compresseur de la mondialisation, du capitalisme et de la société de consommation est sans pitié pour les minorités: parquée, alcoolisée pour avoir la paix, exploitée par les tourisme occidental en mal d'authenticité, corrompue par l'argent voire même achetée, divisée devant le difficile choix entre modernité et traditions,... Triste constat du monde moderne; on comprend mieux aussi le repli communautaire actuel, la perte de repère concerne de plus en plus d'hommes; jusqu'à nos sociétés riches. C'est un vrai plaidoyer pour le respect des cultures et de la diversité. Voilà ce film a tout de même une limite artistique même si les Guaranis jouant leurs propres rôles restent crédibles.
Ce n'est pas un documentaire mais bien une fiction (reposant sur une réalité): la résistance courageuse mais difficile d'un groupe d'Indiens autochtones du Mato Grosso aux conditions de soumission misérable imposées par les Blancs, qui les ont chassés de leurs terres ancestrales, déforestées par des fazenderos (les grands propriétaires) sans crupules, pour les transformer en désolantes monocultures à pesticides. L'essentiel se passe en bordure d'un champ pris sur la forêt. Les regards en disent long. Le racisme éclate dans les réflexions des Blancs; de leur part, l'égoïsme et le mépris sont constants: les Indiens sont juste bons à utiliser comme main-d'oeuvre bon marché, transportée comme du bétail! On ne tombe pas dans un manichéisme lourd mais on n'évite pas pour autant la récurrence du traitement infériorisant des pauvres Indiens (comme avec la boniche) par les bourgeois Blancs. Pourtant, une attraction sexuelle relie parfois les deux groupes, mais cela reste occulté, lâche et sans amour ; les différences culturelles jurent trop, entre ces bourges et ces "non-intégrés". Du côté indien, le poids des traditions, l'autoritarisme, un certain laisser-aller (alcoolisme) mais aussi un sexisme empêchent tout discours enjoliveur. La "chasse" contre l'esprit du mal (Angué) est caractéristique du combat de la tribu. Mais que peut-elle faire contre la puissance des colonisateurs, qui vont jusqu'à lui balancer des pesticides? Les jeunes hésitent à maintenir la résistance, happés par les séductions extérieures, illusoires bien sûr. On nous donne ici à voir la société occidentale dans toute sa puissance destructrice, jusqu'à nous écoeurer du système capitaliste. Bien que parcouru par une jolie musique, ce film de Marco Bechis, d'un budget certes limité, manque de relief et pèche par un certain amateurisme.
Très écolo-humanitaire, ce film dénonce l’oppression des Guarani du Mato Grosso dont la survie est compromise par l’agriculture galopante des colons blancs qui déforestent massivement. Le minimalisme du scénario tire l’ensemble vers le docu-fiction, et malgré la beauté des images et la noblesse de la cause défendue, l’ennui n’est jamais très loin…
Les indiens guaranis du Mato Grosso (Brésil) ne sont plus ce qu'ils étaient. Certes ils impressionnent encore les touristes sur le bord des fleuves avec leurs peintures et leurs flèches mais c'est seulement contre un peu d'argent concèdé par les tour operators. Ils sont désormais parqués dans des "réserves", comme leurs frères d'Amérique du Nord. Ils ont perdu leurs terres, converties en fazendas. Ils ont perdu leur forêt, rasée au profit des cultures et de l'élevage. Alors certains adolescents, devant l'avenir d'exploitation, de mépris et de racisme qui les attend, préfèrent se pendre aux derniers arbres encore debout. Marco Bechis, cinéaste engagé, a choisi de plaider la cause de ces indiens en leur apprenant, en cinq mois, ce qu'est le cinéma et comment on "fait l'acteur". Qui, mieux que les intéressés eux-mêmes, pouvaient parler de leur révolte devant le sort qui leur est fait? A travers cette fiction à laquelle ils ont collaboré, c'est le désespoir de toutes les minorités que notre société "civilisée" tente de réduire de force à l'uniformité qui s'exprime. C'est pourquoi l'histoire de Nadio qui entraîne les siens à la reconquête du territoire volé, nous touche et nous interroge. C'est le pot de terre contre le pot de fer et tout cela se termine fort mal pour Nadio et son fils Ireneu. Mais entre temps, le cinéaste nous aura présenté des humains respectables qui ne demandent qu'à être reconnus dans leur mode de vie et traités avec justice, comme le chaman et son apprenti, Osvaldo, qui fait des rêves prémonitoires, ou Nadio dont la détermination ne sera vaincue que par le meurtre. Les blancs ont ici le mauvais rôle, peut-être un peu trop, mais c'est pour renforcer la démonstration sans doute, à part la jeune Maria, fille du fazendeiro, qui noue avec Osvaldo une improbable idylle. Loin du lyrisme un peu grandiloquent de "La forêt d'émeraude", ce film est un plaidoyer pour ce que l'homme s'acharne à détruire : la nature mais aussi, ses propres congénères.
Rien à dire. C'est puissant, ça scotche. Le rythme adapté, l'histoire sans temps mort, la violence sous-jacente, la sociologie des groupes, et surtout et surtout on est plongé au coeur d'une réalité inconnue ou sinon fantasmée. Un film qui augmente le niveau d'intelligence humaine de celui qui le regarde.
Film sympathique, avec de bons acteurs. Mais il ne suffit pas de parler de choses urgentes et importantes pour faire un bon film. Ici, il manque une direction, une maîtrise du récit, car cela part un peu dans toutes les directions et à défaut de cohérence, le film perd son sens et s'affadit. Dommage.
Je n'apprécie pas vraiment ce genre de film qui mélange culture et fiction. Finalement malgré un bon niveau global l'aspect culturel est assez éclipsé par le scénario maquillé "d'interruptions" inutiles.
Belle mise en scène (séquences d'exposition et de dénouement surtout) pour ce conte surprenant qui est un véritable OVNI cinématographique. En dépit d'une sècheresse manifeste, c'est un film à découvrir.
100% d'accord: ce film est à recommander de toute urgence pour qu'il ne disparaisse pas corps et biens sans être vu. Film à la fois fort et pas sudramatisé, La Terre des hommes rouges n'est ni un film anthropologique, ni un film où les "indigènes" (ici, les Indiens Guarani du Mato Grosso au Brésil) sont instrumentalisés pour les besoins de la fiction, qui s'intéresse avant tout aux héros blancs. Peut-être le premier film qui n'est ni sur des peuplades dans leur environnement d'origine ni sur leur disparition, ce film montre ce que c'est que d'être une communauté qui a été déplacée, spoliée de ses terres et parquée en réserve, aujourd'hui. En réduction constante, perdant ses forces les plus vives - certains jeunes se suicident par pendaison, fait avéré -, cette communauté décide de reprendre possession de ses terres. Mais le réalisateur et scénariste a eu l'intelligence de ne pas surdramatiser l'affrontement qui en découle. Ce film relate comment des groupes humains se côtoient, comment l'un domine l'autre, comment cette domination peut éventuellement être renversée. Comment le désir et la sexualité jouent le rôle le plus pertubateur, les dominés ayant encore leur corps pour eux, même s'il sont obligés de le marchander pour travailler et subsister à grand peine. D'une grande intelligence et d'une grande probité dans ce qu'il montre, La Terre des hommes rouges est une très belle tentative de regarder le plus honnêtement possible la relation entre le possédant qui a tout à perdre et celui qui ne possède plus que lui-même, entre l'un et l'autre. Ce que Bechis a tiré de ses "acteurs" qui ne savaient pas même ce qu'était le cinéma et n'en comprenaient pas le fonctionnement est remarquable. Et ses plans, qui ne cherchent pas à être beaux pour le plaisir, rendent admirablement compte de ce que c'est que de vivre sur ces terres où la forêt n'existe plus que comme lisière. Ces habitants de la forêt qui n'existent plus que dans l'entre-deux sont devenus des héros de cinéma.
Ce film est difficile d'accés tant il vous plonge au coeur de la vie des indiens.Tout y est cru à la fois les corps et les états d'âmes.Les indiens sont sublimés et les blancs passent pour des esclavagistes.L'image est incroyable.Ce film vous laisse en sortant un sentiment dérangeant. A voir rapidement car il ne reste pas en salle longtemps(nous n'étions que 06 à le regarder dans une salle de 150).Dommage il mériterait d'une plus grande publicité.
Très très jolie film sur les amérindiens chassés de leurs terres et privées de leurs modes de vie. En tentant de revivre sur la Terre de leur ancêtres ils se retrouvent confrontés aux puissants propriétaires terriens. Le Brésil est encore un western ! Seul bémol le manque d'émotion, comme oublié par le metteur en scène. C'est aussi un film sur l'héritage, la perte des valeurs, l'inhumanité... Très très beau film avec un Matheus Nachtergaele (le chef) charismatique. C'est un film pessimiste malgré la toute fin.
A recommander de toute urgence avant que ce film ne disparaisse des écrans, et ce pour raisons: 1) la thématique abordée, la spoliation des terres; 2) la sensualité des corps qui se dégage; 3) la colère sociale des Indiens du Brésil. Et last but not least, la qualité de l'interprétation des acteurs, et encore plus important, la qualité de la mise en scène. Rarement la forme n'a aussi bien rejoint le fond. A DÉCOUVRIR ABSOLULMENT !