Ces dernières années ont vu naître toute un génération de remake de classiques de la culture geek, de la science fiction (Totall Recall et Robocop) et de l'horreur (The Thing, Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13...). La plupart du temps, c'est du gâchis qui fait mal aux yeux. Il est arrivé quelques moyennes bonnes surprises...comme La Colline a des yeux, pas trop dégueulasse en soi, mais une impression négative générale domine. Et ce, même si j'ai plutôt bien aimé le The Thing 2011 à sa sortie, parce que les temps pour le film d'horreur étaient durs (ils le sont toujours tient donc!) et parce que c'était un prequel faisant montre d'une efficacité assez puissante pour effrayer, et parce qu'entendre les premières notes du thème d'Ennio Morricone dans une salle de cinéma à la fin du film m'a rempli de bonheur. Cet Evil Dead, je l'attendais sans espoir, mais avec de la curiosité tout de même. Sam Raimi à la production qui se dit satisfait du travail, Fede Alvarez qui promettait une nouvelle date dans le cinoche horrifique, les premières critiques plutôt positives (je guettais notamment celle de Mad Movies qui se serait empressé de le descendre devant le moindre faux pas vu l'adoration porté au sein de ce magazine envers les opus de Sam Raimi)...La déception m'a paru d'autant plus agaçante. C'est bien simple, on pourrait l'expulser directement dans les bas quartiers des erreurs cinématographiques citées précédemment. D'abord, des personnages antipatiqes au possible, voir la relation entre David et Eric, les dissidences entre les protagonistes existant déjà avant l'arrivée du Mal, et ces derniers n'étant jamais mis en avant sous des rapports chaleureux. Si on accroche pas à ces gens, comment voulez vous qu'on ait peur si Alvarez construit son film sur une longueur d'onde premier degré, si saluée par la critique aimant ce changement par rapport à Saw & co. Changement mal foutu, surtout qu'arrive Mamá et que le cinéma espagnol ne cède pas souvent au second degré (d'ailleurs ils ont déjà oubliés L'Orphelinat de Bayona ou quoi?). Les acteurs eux-même ne sont que de pâles stéréotypes, même pas développés par l'écriture du scénario, seule Jane Levy parvient à assurer un quota de sensibilité nécessaire pour éviter au film de sombrer définitivement dans les écueils des ratés. Il y a du nouveau concernant le scénario, mais rien de bien transcendant, juste une ré-actualisation du sujet et une sympathique scène dans les marécages. Le reste ne fait pas preuve de la moindre originalité, et reprend toutes les idées de Sam Raimi sans intelligence. Les zombies d'Alvarez ont des yeux jaunes et un grains de peau plutôt lisse, bref ils ne sont pas spécialement terrifiants en soi donc qu'est ce que fait notre cher uruguayen ? Ben il nous tartine du gore à n'en plus finir, c'est tellement horrible que ok on ferme les yeux...mais à quel prix ? On ne ressent pas la moindre angoisse malsaine capable de nous accompagner hors de la salle, pas la moindre envie de décamper, il n'y a pas une once d'ambiance putride à même de nous faire suffoquer. On a juste envie de partir, c'est déplaisant à regarder, agaçant à suivre, et fondamentalement inintéressant. Et ce malgré tout les trucages artisanaux, car le numérique réalise une sacré part du travail. La caméra essaie de se la jouer à la Sam Raimi, et ne tient pas un round en comparaison. Au moins la photographie est excellente, digne d'Eduardo Serra. Bon, et puis il y a la fin, qui s'extirpe vaguement du reste, se posant en apologie du gore sans substance et du vide froid à grand renfort d'images informatiques. On a l'impression d'entendre arriver un boss de jeux vidéo, on se prépare en essayant pour une ultime fois de s'enthousiasmer, la musique aidant, mais ce duel cède à la facilité et à la complaisance, étalant goulûment tout le luxe dont il bénéficie. Quoiqu'il apporte enfin quelque chose par rapport à Evil Dead 1981, et cette montée finale qui se veut dantesque aurait pu sauver les meubles. On est cependant loin de « l'expérience cinématographique la plus terrifiante » que je n'attendais pas de toute manière, mais on est également assez loin du bon film, et sans atteindre les bas-fond touchés habituellement par la vague de remakes qui débarquent chaque années, Evil Dead reste une déception pour moi sans que mon attente ait été très forte.