"L'expérience la plus terrifiante", ah bon ? En ce cas, le film se doit vraiment d'assurer... ce qu'il ne fait qu'à moitié.
Il était pourtant écrit dans le nécronomicon, en gros, en rouge, souligné, entouré, encadré, "ne lis pas", "ne prononce pas", "ne l'appelle pas", et pourtant, il y a toujours un plouc anticonformiste pour transgresser les recommandations les plus simples... En clair, l'action est bien trop prévisible (
Olivia vue de dos dans la salle de bain, Natalie descendant dans la cave pour rassurer Mia en pleurs, le miroir qui se ferme pour révéler une image du démon, la tendance suicidaire des personnages à s'isoler du groupe,
etc, etc), c'est terriblement affligeant. Vous voulez du gore ? Du vomi, du sang qui gicle, des membres arrachés, du viol dans les bois, en veux-tu en voilà, sans finesse, sans subtilité, et sans adresse par moments (
il est passé où l'os du bras de Natalie ?? et celui de Mia quand elle a la main coincée sous la voiture ??? vous vous démembrez aussi facilement, vous ? si oui, j'ai une nouvelle pour vous : vous être faits en pâte à modeler
). La pseudo-intrigue
de l'ado en servage, qui retrouve son frère ayant quitté la famille et surtout la mère folle enfermée à l’hôpital psychiatrique
s'enlise dans les marécages de la forêt et disparaît sans laisser de traces... Sans compter les "pute", les "salope" et autres insultes de la bouche démoniaque, qui finissent, à la longue, par arracher un petit sourire, tout au plus...
Malgré ces quelques ratés, les détails sont consciencieusement travaillés. Le film n'utilisant aucune image de synthèse, le rendu visuel a été pour moi une claque : le maquillage peut vraiment être un art, décidément ! Sans compter le maniement des prothèses... les acteurs, sur ce plan-là, ont fourni un travail remarquable pour jouer avec des accessoires aussi encombrants et inconfortables. Par ailleurs, n'ayant pas vu l'Evil Dead original, je ne sais si la scène initiale (
celle où l'on est plongé dans l'action à travers les yeux de la possédée, qui se retrouve poursuivie dans les bois et finit par être attachée à un poteau avec un sac sur la tête
) a été reprise ou s'il s'agit d'une nouveauté ; en tous les cas, le concept est, selon moi, accrocheur et mérite d'être exploité de fond en comble dans une production à part... si ce n'est déjà fait, ma connaissance des films d'horreur n'étant pas des plus exceptionnelles. Cela a participé à l'atmosphère glauque développée tout au long du film, non pas effrayante, mais quelque peu angoissante. Pour finir, et c'est quelque chose que je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer tous les jours dans les long-métrages du genre, les personnages sont certes victimes, mais ils réussissent miraculeusement à retrouver un tant soit peu de sang-froid pour entreprendre quelque chose (
David qui ne s'avoue pas vaincu et tente l'impossible et le ridicule pour sauver sa soeur avec une batterie de voiture, Mia qui s'arrache volontairement la main, à la manière de Natalie qui s'ampute, et entre dans un face-à-face avec le démon dans la scène finale, etc
). Pour les blasés comme moi pour qui la vue des protagonistes paniqués ne sachant plus quoi faire est irritable à souhait, il s'agit d'un petit plus indéniable.
En somme, Evil Dead 2013 regorge de détails tout à fait intéressants et prometteurs. Il n'en est pas un chef d'oeuvre pour autant et s'avère être un film regardable sans briller plus que cela.