Le cinéma horrifique n'est pas dans sa meilleur période en ce moment : entre effets de modes (torture porn, found footage..) et remakes généralement foireux, il n'arrive pas à trouver sa place et ce, depuis déjà plusieurs années. Evil Dead fait partie des films qui parviennent à sortir du navet habituel et des vagues de remakes catastrophiques. Du gore dans tous les sens, un premier degré salvateur et un respect absolu de son modèle en font en effet une expérience assez extrême. A une époque où le second degré du postmodernisme ronge le cinéma horrifique de l’intérieur, permettant à bon nombre de réalisateurs de toiser le genre tout en s’en abreuvant bêtement, la simple existence de cet Evil Dead a quelque chose de très sain. Fede Alvarez ne se croit pas plus doué que Sam Raimi ou plus intelligent que le genre, et il se contente de livrer 1h30 d’horreur à l’ancienne, sans gags pourris, sans bimbos, sans beaux gosses et sans réflexion sur le cinéma, mais en donnant simplement au public ce qu’il venait chercher : du sang, de la violence et une ambiance poisseuse. Evil Dead se démarque aussi par ses personnages qui ne répondent à aucun archétype, et par un ton immédiatement glauque : les ados en questions ne viennent pas dans cette cabane pour faire la fête ou boire comme des trous, mais pour aider une fille devenue dépendante de la coke. Ce film de Fede Alvarez est donc une série B pure et dure doté d'une construction linéaire ne laissant aucune place à l'évasion et qui s’embarrasse d’aucun élément futile et va droit à l’essentiel, avec une progression de l’horreur savamment calculée. Mais à la différence de ce que nous annonçaient les éléments du marketing, le film ne fait pas peur, même si on sent que le réalisateur peine à créer des jump scares qui seront plus ou moins efficaces selon les spectateurs. Mais il renoue avec une forme d’horreur viscérale héritée des années 70, le sous-texte politique en moins. Quelques incohérences, un manque de logique parfois, Evil Dead n’est clairement pas un modèle de script. Pourtant, cela ne pose pas de problème fondamental dans la mesure où dès que la première crise de possession se présente, le film adopte un rythme qui ne laisse plus vraiment de place à la narration. On assiste donc à une progression dans la barbarie, nous questionnant sur quelle scènes sera la plus gore, sans pour autant tomber dans la grand-guignolesque. Cet aspect très premier degré est sans doute le plus bel hommage possible à l’original de Sam Raimi, souvent considéré à tort comme une comédie horrifique alors qu’il était un pur film d’horreur. Ce film de Fede Alvarez réussit donc à rendre un hommage mérité à son aîné, mais souffre d'un manque cruel de peur, et de quelques incohérences. Mais il parvient à s’imposer comme un modèle à suivre en terme de brutalité.