Evil Dead, version 2013, est un film d’horreur pour le moins honorable. Toutefois, son principal défaut est qu’il porte le nom d’Evil Dead, film classique et indémodable signée Sam Raimi en 1981. Un remake d’un film inépuisable pourrait dès lors être considérer comme un film de trop. Alors que l’opus original était né de l’imagination débordante de quelques artisans inconnus à l’époque, dont Raimi, cette nouvelle version, elle, vient tout droit du temple hollywoodien de la contrefaçon, d’une industrie cinématographique actuelle qui mise gros sur le reboot, les remakes et autres reprises garantissant des entrées financières conséquentes. Dès lors, l’originalité, dans un sens l’humour du film initial, passent à la trappe et le coté traditionnel de l’œuvre prédomine.
Malgré un final à sens inverse de l’opus original, Fede Alvarez ayant pourtant tourné une autre fin, son film est globalement très similaire, dans l’esprit, à celui de Raimi. Certes, une séquence d’introduction vient perturber les fans, inutilement qui plus est, et l’esprit bricolage n’y est plus, mais Alvarez sera tout de même parvenu à illustrer sa vision des choses par une photographies très attractive. La qualité des plans et des images, même si elle ne valent pas celles, très brumeuses, de Raimi, offre une plus-value indéniable à ce remake considéré d’avance comme infondé. Certes, Evil Dead est un film inimitable, mais l’on tire tout de même notre chapeau à Alvarez pour ne pas avoir assassiner un mythe, simplement d’en avoir fait un dérivé moins intéressant mais qui permettra au fan de se mettre un petit quelque chose sous la dent.
Coté visuel, hormis la qualité de la photographie, le jeu des teintes, le film est une très belle vitrine de gore pour les amateurs du genre. Scie électrique, machette, tronçonneuse, couteau ou encore seringue, tout y passe. De ce point de vue, là encore moins bon que sur l’original, le film est attractif. Manque simplement de suspens, énormément de suspens, alors qu’un public avisé connaît, à peu de chose près, l’esprit du film, sa morale, son ton évocateur, avant le visionnage. Le doute persiste simplement sur le légitimité du produit. En fait, si d’un point de vue qualité, cet opus est satisfaisant, il est tout simplement illégitime et pour le moins culotté. Ferait-on un remake assumé des Aventuriers de l’Arche perdue, de la Guerre des étoiles ou encore des dents de la mer? Non. Il est dès lors absolument grotesque de s’attaquer au film de Raimi.
Pour autant, ne crachons pas dans la soupe, l’avantage de ce film est de nous replonger, en souvenir, dans notre expérience première dans la franchise à la tête de mort. Hollywood étant passé par là, inutile pourtant de chercher les futilités et le mystère du film de base, alors que chaque propos, acte et même le pourquoi de ce séjour dans les bois sont tout de suite expliqués. Hollywood aura omis que ce genre de film ne se raconte pas, que les détails ne sont pas importants, mais qu’un tel film doit être vécu et que plus le mystère demeure, plus le buzz augmente. Un coup dans l’eau sauver, concrètement, pas le savoir faire d’un metteur en scène que l’on attend de retrouver mieux équiper en scénario. 08/20