Nous y voilà ! Evil Dead cuvée 2013 à la sauce Alvarez déboule sur nos écrans. Le pari est risqué : rebooter un film culte d'une franchise qui n'aura jamais céder aux sirènes des suites à rallonges (Ce n'est bientôt plus le cas ? Ah bon...). Mais voilà que la rencontre entre un jeune cinéaste et un vétéran du cinéma fantastique change la donne. Exit l'idée d'un film Robots Géants vs Humains, basé sur le court Ataque de Pànico d'Alvarez, ce bon vieux Raimi le veut sur Evil Dead ! Grand fan de la trilogie original que je suis, l'idée n'est pas alléchante. Qui donc est partant d'emblée sur l'idée de moderniser un classique ? Pas grand monde. Mais il faut bien connaître le trio de la "Michigan Mafia" et leur amour pour leur progéniture qu'est le classique de 1981 pour prendre conscience de ce que donnera réellement le projet. (Et soyons sincère, l'original a vieilli, sur certains points).
Alors parlons un moment de ce qui est, selon moi, la meilleure réinterprétation moderne d'un classique et de surcroît, le meilleur film d'horreur depuis un petit moment.
Rentrons dans le gras, dans le viscéral, dans le cœur du sujet. Le film se découpe en trois phases distinctes : deux mineures et...le reste. Une scène d’ouverture, certes inutile, mais qui donne le ton...de façon soft. Mais on tient ici un aperçu de ce qui nous attend et honnêtement, on en veut plus. Puis arrive l'entrée en scène des protagonistes : Cinq beaux jeunes gens. Beaux, mais pas vraiment originaux. Une seule personne se démarque, se détache du groupe, non seulement par ce qui va lui arriver (Mon dieu...), mais parce que dès le début, son jeu est différent, supérieur. Jane Levy a compris son rôle et à n'en pas douter, elle sait qui est Mia, son passé, son présent de junkie...et son futur. Cette phase se met en place et peut paraître laborieuse pour certains, mais elle est essentielle et nous mènera peu à peu vers la folie. Il suffit d'un élément perturbateur pour que le ton se noircisse : la découverte du Naturan Demanto ou Nécronomicon, pour les intimes. Bien sûr, il fallait qu'Eric, professeur de métier, soit rongé par la curiosité à le déchiffrer. C'est à ce moment précis que le film va se déchainer de façon crescendo et entre dans sa dernière phase, pour notre plus grand bonheur. Un roller coaster inarrêtable, implacable, impardonnable. Une atmosphère ultra-soignée, visuellement bluffant pour un film du genre. Idem sur le plan sonore accompagné d'une BO magistrale signée Roque Baños, qui a parfaitement su capté l'essence même de la mythologie Evil Dead. Alvarez sait quoi faire, où aller et on le sent. Les scènes se suivent, s'entrechoquent, le sang gicle et personnellement, j'y prends un pied immense. Aucuns répits, très très peu de temps mort ! S'ajoute à cela une dimension dramatique mis en avant par la relation fraternelle Mia-David. Ce dernier, interprété par Shiloh Fernandez, déçoit un tatillon, trop «idiot » à certains moments, néanmoins, cette relation est un plus non négligeable qui apporte un tant soit peu d'humanité dans cette univers bestiale, sans concession. Sur un plan purement technique, il FAUT que le cinéma d'horreur prenne appui sur Evil Dead. Pas de CGI, pas de surenchère d'effets visuelles crées par ordinateur. Old-school, mais l'effet fait mouche, encore aujourd'hui. Puis, c'est au moment où Mia se débarrasse de ses démons (au sens propre, comme au sens figuré...je doute qu'elle ne retouche à la drogue), ce moment où l'on pense que le calme arrive, la scène finale surgit de terre et nous offre un spectacle jouissif, une pure dose d’adrénaline. Un final soigné et digne de ce nom.
En résumé, Evil Dead est un pur film d’horreur de tradition, privilégiant le gore aux jump-scares habituels. L’expérience cinématographique la plus terrifiante ? Surement pas ! Mais un divertissement ultra-efficace, d’une brutalité rarement vue au cinéma. Visuellement beau, sur un plan sonore tout aussi soignée, Evil Dead montre malgré tout quelques faiblesses : Un jeu d’acteur souvent en retrait (Sauf Jane Levy), des dialogues parfois convenus. Evil Dead est un reboot réussi, véritable hommage à l’original et aux nombreuses prises de risques, mais Fede Alvarez sait qu’il sera attendu au tournant pour la suite des aventures.