Au départ le projet pouvait faire peur… affreusement peur. La première bande annonce m’avait intrigué dans le bon sens du terme, lorgnant sur un film qui ne se contentait pas de reprendre un titre phare des années 80. Le résultat est loin d’être une purge. Ce n’est pas non plus un chef d’œuvre.
Robocop, c’est avant tout un film révolutionnaire de la fin des années 80. Considéré comme ultra violent, chaque personnage était pourri jusqu’à l’os et le nouveau super-héros du grand écran avait bien du mal à faire le tri dans cette intrigue politico-policière où le seul mot d’ordre était « on est tous des crevures en puissance ». Bref ! Ça envoyait du pâté comme on dit !
En 2014, c’est épuré, plus sage, plus bon public. Si les personnages semblent ambigus, c’est uniquement sur le plan politique (très bien développé par ailleurs). Pour le reste, on retrouve des protagonistes au grand cœur avec des états d’âme (chose complètement proscrite dans le Robocop de Verhoeven).
Côté violence, rien de bien exaltant. Et quand je parle violence, c’est autant pour le côté visuel que pour le côté psychologique. Certes, on s’attarde pas mal sur la famille Murphy qui reste au centre des débats ; avec une tête, deux poumons et une main coincée dans une machine d’un côté (oui, parce qu’il ne reste plus grand-chose d’Alex Murphy) et une femme en quête de vérité de l’autre. Mais cela ne fait que soulever quelques problématiques de la cybernétique qui pourrait faire « revivre » pas mal d’amputés dans un proche avenir avec tous les problèmes d’identité que cela peut susciter. Ces problématiques ne sont que grattées en surface. Quant à la violence visuelle, très présente en 1987 et se faisant l’écho de la violence grandissante dans notre société, elle est carrément mise au placard. Il y avait même un certain côté gore beaucoup plus impressionnant à cette époque que maintenant.
Non pas que ce nouveau Robocop lorgne du côté de la maternelle comme l’avait fait le tristement célèbre Robocop 3 mais disons qu’il faut se donner bonne conscience et éviter d’ouvrir une boîte de Pandore depuis longtemps dégondée. Ce n’est pas une séquence d’ouverture tentant vainement de nous mettre un faux constat sous les yeux qui changera la donne. Surtout que l’on se garde bien de montrer cette violence au sein même des USA, alors que c’est tout le centre d’intérêt du film. On préfèrera taper sur un pays lointain, envahit et sur lequel on cogne depuis des décennies.
Hormis ce faux engagement politique, ce manque d’interrogation quant à cette technologie cybernétique grandissante, ce regard plutôt sympathique sur la société d’aujourd’hui, l’absence d’atmosphère apocalyptique et une intrigue principale assez vite torchée, Robocop reste un bon divertissement sans temps mort, sincère et énergique. C’est peut-être parce qu’on attendait un bide absolu (qu’en fin de compte, il n’est pas) que ce remake s’en tire avec les honneurs. Robocop est revisité, remis au goût du jour, avec un aspect plus chaleureux, plus dynamique, plus moderne, rendant hommage à l’original tout en lui donnant une nouvelle histoire et une nouvelle structure. Si certains aspects ont été trahis, si personnellement, j’aurai aimé un film coup de point, n’ayant pas peur de remuer les tripes, il n’en reste pas moins un agréable moment à passer.