Est-ce que ce remake du mythique "Robocop" est un mauvais film ? Honnêtement : non.
Le réalisateur, qui ne débarque pas du milieu des "clippeurs" (genre ce tâcheron de Michael Bay), sait tenir une caméra, diriger des acteurs et monter un film correctement. Ce qui n'est pas rien à notre époque.
La photographie est bonne et les acteurs se divisent en deux groupes : les acteurs chevronnés (et les guests) qui assurent et les petits nouveaux (dont le rôle titre, sig) qui sont là plus pour leurs gueules que pour leur charisme ou leur talent.
Alors pourquoi une seule étoile ?
Parce que toucher à une grande réussite, tant sur le fond que sur la forme, comme le "Robocop" de 1987 est périlleux et que ce remake ne lui arrive pas à la cheville.
Tout d'abord, dépeindre un futur plus ou moins désenchanté et sécuritaire ou tout est beau et propre avec des oiseaux qui gazouillent est aussi ridicule qu'idiot, surtout si l'on prend en compte l'état désastreux de l'économie américaine. On voit mal comment les soldats US pourraient être remplacés en partie par des robots sans que cela n'impacte sur le budget, sur le chômage et donc sur la consommation et les revenues des ménages... De plus, là où l'original montrait une société en perdition en proie à une criminalité ultra-violente et un système capitaliste opprimant, des rues sales, des gens désabusés et abrutis pas les mass médias ce qui justifiait aisément le recours à la voie sécuritaire et la création de Robocop (d'un point de vue social et, surtout, économique), le monde de ce remake est trop lissé, trop gentillet. Le cortège d'actionnaires et de cadres sup' défoncés à la coke est remplacé par un gentil docteur qui œuvre pour le bien et pdg façon Steve Jobs, dynamique et innovateur, donc sympa en fait. Et tout est du même tonneaux avec la transformation en cyborg qui est bien moins brutal et donc moins percutante. Une bombe ? Sérieux ? C'est ça la violence au sein de la société moderne pour les privilégiés ? Ouvrez les yeux, put%#§ ! Faut sortir de sa tour d'ivoire des fois ! Le massacre de Murphy par Boddicker et ses hommes en 1987 ne serait pas exagérer dans un journal télévisé à l'heure actuelle ! On aurait même droit aux images et aux détails croustillants !
En fait, on se rend bien compte à quel point la société est devenue quasi-totalitaire puisque la violence n'est plus expliqué, elle est bannie. Ainsi, on n'éduque plus, on se contente de bourrer les crânes avec de belles images qui donnent envie d'acheter et non plus des messages pour pousser à réfléchir. Réfléchir, le premier pas vers la subversion et donc la non-consommation de masse. C'est drôle comme le remake est devenu l’anti-thèse de l'originel...
Et tout le reste est du même tonneaux puisque l'on a remplacé le message sur les graves dérives du capitalisme (on l'imaginait en 1987, on le vit aujourd'hui ! Sauf pour les bisounours privilégiés...) par de la bouillie mielleuse sur la condition de l'Homme devenu Machine... Un thème classique de la SF mais bêtement survolé ici quand d'autres l'ont transcendé. Les méchants uniquement bons pour des séries TV. Des robots qui n’impressionnent (ni n'émeuvent) pas car trop présents et en trop grand nombre. De faux enjeux. Un scénario qui se cherche. Une musique fadasse.
"Robocop 2013" est à l'image du leitmotiv de la société actuelle : tout dans la forme, rien sur le fond. L'exact opposé du "Robocop" de Verhoeven...