Choix premier du réalisateur, ou volonté de la société de production MGM de s'inscrire dans le genre remake ? Cela n'a en réalité pas d'importance, mais toujours est-il qu'une question se pose… Un remake du Robocop était-ce vraiment une bonne idée ?
Considéré par beaucoup comme une merveille de Science-Fiction dans les années 80, Robocop me semblait aujourd'hui intouchable. Une opinion que ne partagent visiblement pas le réalisateur d'origine brésilienne : José Padilha, et la société de production qui l'a engagé. Pourtant, la comparaison avec son prédécesseur est inévitable, et tel une évidence, ce « Robocop » version 2014 va en souffrir terriblement.
Pour des raisons de maintien de l'ordre, les États-Unis ont recourt partout dans le monde aux ED-209, Robots et autres Drones toujours plus sophistiqués. Mais tandis que le congrès persiste à interdire le déploiement des ces machines sur le territoire américain, le patron de l'OCP demande au Dr Norton de mettre au point un nouveau prototype : le RoboCop. Il consiste à mettre un homme dans une machine afin de convaincre une opinion public encore trop réticente à l'idée d'être envahi par des robots. En parallèle, l'agent de police Alex Murphy se retrouve amputé de la quasi totalité de ses membres, suite à l'explosion de sa voiture piégée.
Sur ces quelques lignes, on serait tenté de se réjouir à tord par le constat d'une réalisation qui s’appuie (en apparence donc) sur les mêmes bases que la version précédente : Alex Murphy, officier de police etc, mais elle n'est malheureusement que prétexte à une volonté bien plus forte de la part du réalisateur de se démarquer de la version originale. En définitive donc, José Padilha s'efforce à créer son propre univers et l'intrigue qu'il nous propose n'a quasiment plus rien à voir avec son prédécesseur (Ici un nouveau RoboCop beaucoup plus politisé encore). Quelques clins d’œils tout de même à la version originale, comme par exemple la présence des ED 209 et d'ailleurs beaucoup mieux articulés dans cette version, l'Officier Lewis répond toujours à l'appel mais cette fois sous l'aspect d'un homme, le générique de début reprend la musique original et aura au moins eu le mérite de nous donner un petit frisson, ou encore une scène d'intervention se déroulant dans un laboratoire de drogue. Mis à part ces quelques timides références, ce RoboCop 2014 nous propose certes un certain nombre de bonnes idées, mais surtout accumule les mauvaises.
Coté déceptions, on retrouve évidemment en tête des catastrophes le design de l'armure : Noir !!?? Indigne d'un RoboCop ! Abject, ce costume (Made in China) ressemble d'avantage à une combinaison de plongé qu'à une armure. C'est affligeant.
RoboCop 2014, c'est aussi son lot de scènes aberrantes, et parmi elles, il y a surtout celle qui nous expose les restes organiques de Murphy. Une scène que certain trouveront osé, surprenante ou encore stupéfiante, mais à mes yeux, elle prend surtout l’énorme risque de faire sombrer la réalisation dans le ridicule. (Réalisé de surcroît avec un excès d'images de synthèse dégueulasse – Ne laissez pas vos yeux traîner trop longtemps sur ses organes, regardez plutôt son visage, sa bouche et vous comprendrez). Autres scènes décevantes, toutes celles liés à l'action et notamment lorsque Murphy rend sa petite visite à Vallon (le méchant de l'histoire). Une scène d'action qui a d'abord le malheur d'être tournée en nocturne, avec vue sur la vision thermique façon Time Crisis (vous savez celui de la version PS1), pour un résultat inévitablement brouillon et surtout illisible. Un procédé qui se répète d'ailleurs dans le combat final contre les ED-209.
Je ne vous parlerais pas de la volonté des producteurs de faire un film tout public, décrédibilisant complètement la puissance du RoboCop qui préférera utiliser son Taser plutôt que ses armes.
Et Je ne m'attarderais pas non plus sur l’impressionnante criminalité auquel notre héros est confronté, tout un tas de petite frappe parfois même armée jusqu'aux dents mais pas bien méchante. Quant on penses au travail fourni par Paul Verhoeven (Robocop 1987) pour donner tant de personnalité à ses méchants, ça fait mal.
Je vous épargne enfin les longues lignes sur le charisme quasi inexistant de Joel Kinnaman (Alex Murphy), et la prestation déroutante d'un Samuel L. Jackson venu se perdre en chemin.
Bref tout un tas de petits détails qui font que nous ne sommes pas prêt d'oublier le Robocop d'origine.
Alors, pour ne pas trop accabler la réalisation, passons directement aux rares lots de consolations.
Coté satisfaction donc, il y a d'abord la place occupé par la famille de Alex Murphy (sa femme et son fils), plus importante que dans la version originale, et qui offre un peu plus de sympathie à la réalisation. Une place plus appréciable, en adéquation avec un Robocop qui a conservé sa mémoire, ses souvenirs et ses sensations. Pour le casting, à contrario d'un Samuel L. Jackson par exemple, seul Gary Oldman (Docteur Norton) est impeccable, irréprochable. Enfin, l'une des intrigues proposé par la réalisation m'a quelques peu emballé, quoique pas suffisamment développé à mon goût, à savoir l'une des préoccupations majeurs du Docteur Norton : Ou s'arrête l'homme, et ou commence le robot ?
En conclusion et sans surprise, ce remake de « Robocop » ne restera pas dans les mémoires. Loin du blockbuster annoncé, il restera à première approche intriguant à défaut d'être réussi.