S’il existe bien un type de remake inutile, c’est bien quand celui-ci n’est qu’une simple redite du film original. Au moins, cela n’est pas un reproche que l’on puisse faire au remake de Robocop. En effet, excepté le concept de base, l’histoire, le traitement des personnages et les thématiques sont très différentes.
Cette fois, le récit se situe dans un univers où les robots de combat ont une place beaucoup plus importante dans la société (ils sont sur les terrains de guerre), l’OCP cède la place à une OmniCorp contrôlant beaucoup moins l’état (la charge anticapitaliste est beaucoup moins présente et beaucoup moins ironique), Murphy n’est plus un nouvel arrivant au commissariat mais un élément présent depuis plusieurs années, Lewis est un homme (d’ailleurs, dans l’original, le fait que Lewis soit une femme n’est jamais souligné) et débute le film en étant blessé suite à une intervention (montrée en flash-back), l’assassinat de Murphy (beaucoup moins traumatisant que dans la version de Paul Verhoeven) est prémédité et non plus le résultat d’une interpellation ratée, la femme et le fils de Murphy sont au courant que ce dernier se retrouve dans le corps de Robocop (c’est même son épouse qui accorde l’autorisation de le sauver de cette manière), lui-même est également tout à fait au courant de son sort dès son opération, son armure est très différente (ou plutôt ses armures puisqu’elle est d’abord argentée puis noire avant de redevenir argentée à la fin) et lui permet d’être beaucoup plus rapide et agile…
On pourrait donc apprécier l’idée d’offrir une vision totalement différente de l’histoire malgré certains points communs (la télévision sert toujours à endoctriner le public mais le journal télévisé totalement non-indépendant cède la place à un prêcheur télévisuel visiblement convaincu par son discours ; la célèbre musique de l’original est reprise à 2 ou 3 reprises ; la réflexion autour de l’humanité est ici souligné par la présence de la chanson "If I only had a heart" du Magicien d’Oz). Si on peut accepter que le résultat ne soit pas aussi violent que l’original (on est face à un PG13 et plus un film R très gore), on ne retrouve hélas pas ici de méchants aussi charismatiques que ceux de Clarence Boddicker ou Dick Jones et le résultat est très bavard (au final, l’action est beaucoup moins présente le discours est moins acerbe et les personnages sont moins bien traités alors que la durée du film est plus longue). La version de Robocop de 2014 est donc un film qui se regarde sans déplaisir (on peut d’ailleurs apprécier la présence au casting, outre de Joel Kinnaman dans le rôle-titre, de Gary Oldman, de Michael Keaton ou encore de Samuel L. Jackson), qui ne rend pas le résultat honteux comme pouvait l’être le remake d’un autre film de Paul Verhoeven, à savoir celui de Total Recall, mais offre au final un résultat assez moyen, vite oubliable et à mille lieux du film acerbe, intelligent et inoubliable qu’était celui du cinéaste hollandais.