Comment faire le remake d’un film devenu culte de la science-fiction et dont les suites se sont avérées jusqu’à présent être des échecs ? Un casse-tête pas si simple à résoudre et un projet assez casse-gueule en soit. Néanmoins, ce premier blockbuster de l’année s’avère être aussi sa première surprise. Car s’il n’atteint pas les sommets de l’original, ce film se montre largement à la hauteur et surpasse sans difficulté les épisodes 2 et 3. Un remake qui n’a donc pas à rougir et qui réussit au passage l’exploit de créer la possibilité de relancer la franchise (on évitera cependant de faire le remake des suites, hein ^^). Ce remake a pour cela plusieurs points positifs. S’il se montre moins violent que l’original et a abandonné l’idée d’une ville de Détroit victime des gangs punks et autre, il est également un poil plus réaliste. Peut-être parce que depuis 25 ans, Hollywood a appris à utiliser les robots à presque toutes les sortes, et que le dictat actuel veut que les films d’actions se passent dans un monde réaliste. On a donc ici un aperçu plus global de ce qui tourne autour du projet RoboCop.
On est dans un contexte où les robots existent déjà et sont ancrés dans la population, on les utilise déjà en lieu et place des humains
. Bref, l’univers de RoboCop se trouve ici exploiter à fond (grandement aidé par les techniques actuelles, reconnaissons-le). On retrouve également les deux grands combats de la saga, à savoir l’éternel débat homme/machine et les limites d’un capitalisme trop galopant. Mais ce remake va plus loin en nous montrant d’avantage la famille de Murphy, ses relations avec sa femme et son fils, qui ne sont plus deux pantins qu’on entre-aperçoit, mais des personnages ayant un réel impact sur l’histoire du film. Bon, en soit, ça reste très classique hein, dans la lignée de n’importe quel blockbuster du genre, mais c’est un plus par rapport à l’original à mon sens. Autre point positif, ce remake suit la mode actuelle qui est de suivre les origines du héros, et là on a droit à la totale :
si l’évènement lui-même de l’accident de Murphy est rapidement traité (et incontestablement moins marquant que dans l’original), on a droit à toutes les étapes du développement du projet RoboCop, et à tous les échelons
. Et cette partie est vraiment bien gérée (
on a également enfin droit à voir ce qui se cache sous l’armure
). Le capitalisme, et ceux qui le représentent, se révèle encore une fois être le réel méchant du film, mais disons que vu tout ce que les deux point cités prennent comme place dans le film, la dernière partie semble en comparaison assez peu développée et rapidement traitée. C’est bien dommage. Il y avait moyen de faire mieux à ce niveau, sans nécessairement faire plus long. Autre point, la partie « police », si elle garde une place importante dans l’intrigue et en profite pour traiter d’autres problèmes, est là aussi moins importante que dans l’original. Bref, l’histoire est un peu déséquilibrée entre les très bons points et les points un peu moins importants. C’est bien dommage. Niveau casting, ça reste globalement correct, mais je dois avouer que Samuel L. Jackson est juste énorme dans ce film. Pas une prestation génialissime, non, mais on sent qu’il s’est purement éclaté dans son rôle (un peu comme pour Nick Furry) et son personnage lui va tellement bien…Michael Keaton et Gary Goldman font un taff correct sans être extraordinaire. Joel Kinnaman est lui aussi plutôt correct dans son rôle, sans réellement faire oublier Peter Weller. Quant à Abbie Cornish, vu qu’elle est la première a réellement exploité son rôle, on peut dire qu’elle ne s’en sort pas trop mal. D’un point de vue technique, le film se vaut. Bien sûr, les effets spéciaux actuels permettent d’exploiter encore plus le domaine de la robotique, en les rendant plus dynamique et de proposer de nouvelles opportunités par rapport aux films précédents. Plus fluide, plus dynamique, la nouvelle génération sera aux anges. Le design du nouveau costume est lui-aussi pas mal : plus moderne et plus terrifiant, il s’incorpore parfaitement à l’ambiance du film (
on notera d’ailleurs l’hommage à la tenue originelle
). Mise en scène assez classique du film d’action, avec des plans maîtrisés et des séquences ingénieuses, mais rien de bien flamboyant (sauf peut-être pour 2-3 scènes vraiment pas mal). La musique, quant à elle, est à l’image du reste du film. Elle rend hommage à l’originale à quelques reprises en remixant le thème mythique (et que j’adore, d’où une très grosse surprise pour ma part, car c’est pas souvent dans les remake ce genre de truc, où les films essayent plutôt de se détacher en recréant un thème) comme thème principal, mais c’est tout. En effet, on retrouve une BO complètement différente le reste du film, adaptée au contexte et à l’époque actuelle, avec une musique toujours un peu tournée SF, mais également action. Une musique donc dans l’ensemble conventionnelle pour le genre du film. Bref, au final on peut dire que ce remake est un bon remake, à savoir que s’il est tout de même moins bon que l’original, il ne l’est pas tant que ça, propose et exploite de nouvelles idées tout en réussissant à l’adapter dans le contexte actuel. Une bonne surprise pour ma part : même si ça reste dans l’ensemble un blockbuster de divertissement américain, il réussit plutôt bien son office.