Du nouveau dans le film de vampire. Je parle de véritable vision avec des choix artistiques clairs et assumés. Tout d’abord cette lenteur interminable, absolument non spectaculaire, une intrigue dépassionnée, résolument réaliste. Et des gens ordinaires sans arrière fond pathologique, chaque plan construit comme un tableau impressionniste suédois, bleu ciel, blondeur des cheveux, neige, ombre. Cela donne une image remarquable. La violence, toujours implicite, jamais gratuite, l’ensemble très intelligemment mené. Cet esthétique caché dévoilé fonctionne très bien ; ce n’est qu’après le visionnage que je me suis rendu compte de toute l’horreur de la situation. Ce petit garçon timide et solitaire est victime de cette prédatrice caché dans un corps de fillette. Il finira par remplacer celui qu’on croyait être le père, et devenir son nouveau compagnon-complice, car dans ce genre de situation, l’un ne va pas sans l’autre. La jeune actrice est étonnante, l’emploi que fait le cinéaste de sa candeur et de sa naïveté est superbe, et c’est l’une des clés du film. Le paradoxe soulevé et insoluble( petite fille qui n’en est pas une, garçon avec des coté androgyne appuyés), est riche visuellement, bien calé dans son fauteuil on participe à un bon moment de cinéma. Leurs rapports ne semblent jamais glauques alors que la situation l’est réellement. Le morse est le lien qui les unira au-delà du langage comme un cordon ombilical, en dehors du monde, le jour et la nuit.
Les vampires ont toujours peur du soleil, les chats ne les aiment pas du tout, ils ne dorment plus dans des cercueils, (c’est vrai qu’un vampire dans un cercueil ça fait un peu daté), ce vampire qui est peut-être le dernier de sa « race », tue toutes ces victimes pour être sur de ne pas créer une inflation de buveurs de sangs, donc des concurrents potentiels, mais pourquoi diable leur a-t’on coupé les canines ? ça me manque moi. En tout cas, sujet beau et orignal, remarquable qu’il plaise à ce point à autant de monde.