Ayant grandi avec les cassettes de Combat de maître, de La hyène intrépide ou du Marin des mers de Chine, nous somme nombreux à en vouloir à Brett Ratner d’avoir perverti Jackie Chan avec la série des Rush Hour, ce dernier abandonnant l’humour cocasse et les acrobaties incroyables de ses films Hong-kongais pour un humour américain bas du front, un sens de l’action et des chorégraphies passés à la moulinette. Oui, Brett Ratner nous a laissé orphelins. Difficile d’accepter, que malgré d’énorme scories, Hercule, à défaut de nous avoir passionné ait été un bon divertissement.
Hercule (Dwayne Johnson) est un mercenaire. Auteur de nombreux exploits pour le compte du roi d’Athènes, Eurysthée (Joseph Fiennes), il est considéré par beaucoup comme un demi-dieu, fils de Zeus et d’Alcmène, grâce à la propagande avisée de son neveu Iolaus (Reece Ritchie). Le roi de Thrace, Cotys (John Hurt) l’engage pour mettre fin à une révolte menée par Rhesus (Tobias Santelmann). À ses côtés, de fidèles compagnons le suivent, Autolycos (Rufus Sewell), Tydée (Aksel Hennie), Atalante (Ingrid Bolso Berdal) et Ampharios (Ian McShane).
Hercule commence – est-ce la faute à la version française – par une insupportable voix-off directement sortie d’une série pour ado de Disney Channel. Voix off qui, notons le, changera en cours de film sans prévenir. Alors que c’est Iolaus qui débute le récit, c’est Ampharios qui le reprend en plein milieu. Tandis que l’on s’attendait à une œuvre respectueuse de la légende, voilà que l’on nous met directement devant le fait accompli : le parti-pris du réalisateur est de passer outre l’aspect mythologique pour faire d’Hercule, un simple mercenaire. L’idée pourrait être séduisante si l’on ne devinait pas derrière cette intention, la peur de faire fuir le spectateur avec un récit philosophique. Brett Ratner remet à plat la mythologie grecque, non pas pour en dénoncer le caractère éminemment politique (tous les souverains grecques prétendaient à des origines divines) mais pour pouvoir l’adapter au mieux à tous les poncifs du blockbuster.
Tydée, retrouvé enfant parmi les décombres, traumatisé par la guerre, n’a jamais prononcé un mot. De manière incroyablement inattendu (sic), ne retrouve-t-il pas la voix juste avant le trépas ?
Les combats que l’on pourrait, dans un premier temps, penser réaliste, virent invariablement au grand n’importe quoi. Ainsi, Ampharios conduisant son char fait davantage penser à une tondeuse à gazon qu’à un guerrier lorsqu’il se met à faucher ses ennemis. Et comme tout blockbuster mis en boite à la va-vite, les problèmes de raccords sont omniprésents. Expliquez-nous comment une statue tombant sur un parvis immense se retrouve, la seconde d’après, précipitée dans un vide vertigineux?
En contrepartie de ses énervants défauts, Hercule n’en est pas moins une série B lorgnant du coté comique avec un peu de succès. Ses défauts en font une réalisation sympa à aller voir entre potes, et dont on pourra rire quelques semaines. Faire rire, même à défaut, ça ne fait pas d’un film un chef-d’œuvre mais après tout, ne boudons pas notre plaisir, les nanars sont indispensables au cinéma, et dans notre panthéon de films préférés, il y en a toujours quelques-uns. Dwayne Johnson, avec son air cabot et ses sourires béats, donne au héros demi-dieu un côté malicieux décalé mais tellement risible. Reste que si vous aimez l’Histoire, vous risquez fort d’attraper des boutons tant le scénario est un véritable micmac. Hercule passe totalement à coté du souffle épique des douze travaux. Heureusement, il y a peu de chance que nous subissions le courroux d’Héra bien qu’elle devrait presque s’indignait davantage d’Hercule que des infidélités de son adultère de mari avec ses maîtresses zoophiles.
En sortant de la salle, nous étions unanimes, une seule réplique manquait au film pour le rendre définitivement gravé dans le marbre des nanars de compétitions : « Eh Hercule, t’es taillé dans le Rock ? ». Brett Ratner n’a pas osé, dommage, on n’était pas à cela près…
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